OCM sucre : des Etats membres contestent
Le projet très controversé de réforme du secteur sucrier européen doit faire face à différents degrés d’hostilité.
Mariann Fischer Boel l’a décidé: «Il n’y pas d’autre solution qu’une réforme en profondeur.» C’est ainsi que la décision fût prise d’élaborer le projet de réforme de l’OCM Sucre, sorti le 22 juin 2005, et qui devrait permettre d’éviter «la lente agonie de la production européenne sucrière». Les grandes lignes de la réforme sont connues (diminution de prix, compensation de cette baisse par une aide, plan de soutien aux pays d’Afrique, Caraïbes et du Pacifique) et, bien qu’une tendance de protestations (commune à tous les pays) se dégage, on distingue différents degrès d’hostilités contre ce projet.
Réforme acceptée sous conditions
D’après un questionnaire du Comité spécial agricole (CSA), les pays compétitifs tels que l’Allemagne, la France, les Pays-Bas, la Belgique ou le Royaume-Uni (disposant à seuls de 60 % des quotas) n’ont pas complètement récusé le projet. En effet, il s’agit ici des pays qui ont les rendements les plus élevés et qui, par conséquent, soufriraient le moins d’une baisse de prix. Toutefois, s’ils ne souhaitent apporter que quelques corrections au projet, ils ne cachent pas leurs inquiétudes quant à la baisse des revenus pour les producteurs et demandent des aménagements. Ils dénoncent également le fait qu’avec la disparition de producteurs, l’Europe ne devienne fortement déficitaire en sucre.
Si certains membres de l’UE acceptent l’esprit du projet, d’autres y sont totalement hostiles et dénoncent la mort de la production sucrière dans leurs pays et avec, tous les emplois qui y sont liés. Cette thèse est d’ailleurs confirmée par une étude interne à la Commission qui prédit la disparition de l’industrie sucrière dans quatre pays européens : l’Italie, le Portugal, l’Irlande et la Grèce (ne représentant que 9 % des quotas cumulés). A ces membres fermement opposés au projet, viennent s’ajouter l’Espagne, la Pologne et la Finlande qui font front commun sur la majorité des mesures de la réforme. Ainsi, avec force, ils dénoncent la baisse des prix excessivement importante et trop brutale ainsi que l’aide compensatrice qui leur apparaît comme largement insuffisante pour permettre la survie de leurs producteurs. D’autres membres nuancent leur désaccord à l’image de la Slovaquie qui accepte la réduction de prix mais souhaite une meilleure compensation.
Pour davantage de libéralisme
Les différents camps des mécontents ne seraient pas au complet sans ceux qui veulent aller plus loin dans la libéralisation du marché. C’est le cas du Danemark, favorable au plan de restructuration, de l’Estonie qui demande une plus forte réduction des prix et de la Suède qui souhaite, en plus, la suppression des quotas. D’autre part,ces 3 états voient d’un mauvais œil l’instauration d’une nouvelle aide compensatrice, jugée trop élevée et susceptible d’augmenter les dépenses agricoles.