OCM Sucre : décision en novembre?
Alors que Bruxelles veut boucler le dossier avant la fin de l’année, Cibe et CGB dénoncent le projet de réforme adopté.
«Nous devons tous faire de notre mieux pour prendre une décision finale, et le Conseil aussi, en novembre», a déclaré le mercredi 22 juin à Bruxelles Mariann Fischer Boel, venue défendre devant le Parlement européen la proposition de «vraie réforme fondée sur des bases économiques saines» que la Commission européenne venait tout juste d’adopter pour le secteur du sucre. «Attendre, c’est parier et je ne suis pas prête à cela», a averti la commissaire à l’Agriculture. Cette proposition, conforme à ce qui était prévu, s’articule autour d’une réduction de 39 % sur deux ans du prix du sucre, d’une indemnisation des planteurs de betterave à hauteur de 60 % par le biais d’un paiement découplé de la production, d’un régime volontaire de restructuration sur quatre ans et de la suppression de l’intervention. Parallèlement, la Commission européenne préconise un plan d’aide en faveur des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) fournisseurs de sucre traditionnels, qui, doté de 40 millions d’euros dès 2006, contribuerait à la restructuration et la diversification de leur production.
Cibe, «L’obstination libérale de la Commission» critiquée
La Confédération internationale des betteraviers européens (Cibe) a immédiatement réagi à l’annonce de l’adoption du texte en dénonçant «l’obstination libérale de la Commission» dont le projet de réforme du secteur du sucre provoquerait «l’abandon d’une grande partie de la culture betteravière européenne» et détruirait «l’économie de la majorité des pays ACP qui fournissent traditionnellement du sucre de canne à l’Europe». Dans cette proposition, «on annonce une baisse de 42,6 %, mais, en y regardant de plus près, la baisse du prix de la betterave dépasserait dans certains cas 50 %», souligne la Confédération, ajoutant : l’aide compensatoire prévue pour les planteurs «ne couvre même pas 60 % de leurs pertes effectives de revenus».
CGB, «L’UE va devenir très fortement déficitaire»
Dominique Ducroquet, président de la CGB (Confédération générale des planteurs de betteraves), considère que la réforme du marché du sucre peut permettre à la France de maintenir sa production, «à condition de modifier certains curseurs». Selon lui, «par absence de mesures pour limiter les importations et maintenir un courant suffisant à l’exportation, la Commission prévoit de réduire de 40 % la production européenne de sucre (12,5 Mt au lieu de 20 Mt)». Il s’agit d’une «orientation fâcheuse qui tourne le dos au principe de la préférence communautaire et compromet l’indépendance alimentaire de l’UE qui va devenir très fortement déficitaire». Pour la CGB, cette réforme va engendrer «une baisse de revenu inacceptable», la compensation (60 % de la baisse du prix de la betterave qui est prévue à 50 %) étant insuffisante. «La suppression du prix d’intervention du sucre enlève toute notion de prix garanti. Le système d’intervention doit être rétabli», réagit la CGB.
Une réforme à améliorer, selon le ministre de l’Agriculture
Pour le ministre de l’Agriculture, Dominique Bussereau, cette réforme «présente une architecture générale adaptée aux évolutions que va connaître le marché du sucre. Cependant des améliorations sur les mesures concrètes s’imposent, notamment pour les départements d’Outre-Mer, ainsi que le volet externe (importations et exportations) pour emporter l’adhésion de la France».