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Nutrition animale : « La Bretagne dispose d’un potentiel important mais seul le redémarrage de l’élevage pourra contrer vingt-quatre ans de récession », affirme Hervé Vasseur

Après 42 ans en nutrition animale Hervé Vasseur, directeur général de Nutrea Nutrition animale, président de Nutrinoë et de Feedsim-Avenir, fera ses adieux au monde professionnel à l’occasion du Carrefour des matières premières qui se tiendra le 20 septembre juste après le salon Space 2024 de Rennes. Il revient pour la Dépêche Le petit meunier sur ces quatre décennies d’évolution du secteur de l'alimentation animale.

Hervé Vasseur, directeur général de Nutrea Nutrition Animale, président de Nutrinoë et de Feedsim-Avenir.
© Yanne Boloh

La Dépêche Le petit meunier : Comment êtes-vous entré dans l’univers de la nutrition animale ? 

Hervé Vasseur : Je suis originaire du Nord-Pas de Calais. Mon grand-père maternel et mon oncle avaient déjà une activité en nutrition animale car ils tenaient un négoce et une concession Sanders, et ma famille paternelle était dans l’agriculture. Dans le cadre de mes études à l’Enita de Bordeaux, un de mes stages s’est tenu en Bretagne et j’y ai fondé ma famille. Après un passage au Crédit agricole et à la Caisse d'assurance maladie du Morbihan, je suis entré chez Guyomarc’h où j’ai passé dix ans avant d’être recruté par la Cecab. Au début des années 90, le rachat de Guyomarc’h par Paribas a en quelque sorte lancé la financiarisation du secteur privé tandis que l’univers coopératif montait en puissance.

Lire aussi "Nutrition animale : le rebond en volume n’empêche pas la vigilance"

LD LPM : Comment voyez-vous l’évolution du secteur depuis les années 80 ?

H. V. : Dans les années 70 et 80, la nutrition animale a été le vecteur du développement des productions animales notamment en Bretagne, sous l’œil plutôt bienveillant des structures officielles. Les fabricants d'aliments pour animaux accompagnaient les éleveurs qui avaient des projets d’installation ou d’agrandissement voire les démarchaient. En parallèle, les abattoirs soutenaient aussi le déploiement des organisations de producteurs en sus de celles adossées aux fabricants d’aliments. 

LD LPM : De quand date alors le retournement de cette situation dynamique ? 

H. V. : Nous pouvons retenir la date du début de l’érosion des volumes, 2000, mais en fait, le premier coup de frein date, selon moi, de 1994 avec la nouvelle règlementation sur les autorisations d’exploiter imposant la nécessité de surfaces  d’épandage en phase avec les productions en place. Tous les éleveurs n’en disposaient pas forcément. L’installation et l’agrandissement ont alors été  être plus compliqués et, en parallèle, les organisations de producteurs ont commencé à prendre leur autonomie. La nutrition animale s’est concentrée et en partie financiarisée parfois à rebours de l’esprit des fondateurs. 

La nouvelle règlementation sur les autorisations d’exploiter de 1994 a compliqué l'installation et l'agrandissement des élevages.

LD LPM : Quelle a été la contribution des structures collectives ? 

H. V. : La création de Nutrinoë remonte à 1991, d’abord sous le nom de l’Afab. J'ai été élu à sa présidence en 2004 et ce travail collectif m’a énormément appris au niveau individuel comme il a été très utile au niveau régional. Nous partageons sur des questions très diverses, que ce soit l’aide à l’organisation des transports ou des questions de sécurité sanitaire voire technologiques, avec toujours la volonté de soutenir les éleveurs et l’élevage. L’organisation nous a donné aussi une forme de crédibilité et d’écoute par rapport aux structures régionales même si depuis quelques années, le dialogue est un peu plus difficile.

LD LPM : Comment se passe 2024 pour l’alimentation animale bretonne ? 

H. V. : Sur douze mois glissants, nous affichons des volumes de fabrication d'aliments en retrait de 2,7 % mais l’érosion est moins forte sur les six premiers mois de l’année 2024 avec -2 %. Toutefois, seuls les aliments pour les pondeuses sont en croissance, de 1,1 %. La Bretagne a montré qu’elle dispose d’un potentiel important mais seul un sursaut permettant le redémarrage de l’élevage pourra contrer vingt-quatre ans de récession. Et pour cela, il faut à la fois faciliter l’installation et l’agrandissement d’un côté et, de l’autre, renforcer l’indication de l’origine française des viandes non seulement fraîches mais aussi transformées.

Lire aussi : "Nutrition animale : quel impact de la mauvaise récolte céréalière française sur les fabrications d’aliments ?"

LD LPM : Quel est le programme pour le Carrefour des matières premières du 20 septembre ? 

H. V. : Le Carrefour des matières premières est organisé chaque année depuis 2011, sauf en 2020 à cause de la covid-19. Il est organisé conjointement par Nutrinoë et par  Feedsim-Avenir qui regroupe des opérateurs partenaires amont des fabricants d’aliments depuis 2007. C’est un moment important d’échanges dans la filière. Un lieu fédérateur utile à la  compréhension des  enjeux de chaque acteur du métier.  Comme chaque année, je vais présenter les tendances et actualités de la nutrition animale en Bretagne et dans le Grand Ouest puis nous aurons deux grands intervenants : Christiane Lambert, que l’on ne présente plus, ainsi que Nicolas Bouzou, économiste, essayiste et chroniqueur. Leurs visions croisées  sur  l’avenir de l’élevage nous apporterons de bonnes sources de réflexions. 

Lire aussi : "Soja non-déforestant : « Le flou bloque les marchés de l’alimentation animale »"

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