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« Nous attendons une campagne 2010/2011 plus favorable en blé dur »

La Dépêche - Le Petit Meunier : La bourse de Sète se tient à une période charnière entre l’ancienne et la nouvelle campagne. Quel bilan tirer de 2009/2010 ?
Franck Pasquiet :
De manière générale, les très fortes productions mondiales ont créé une pression à la baisse sur les prix des céréales, et ont entrainé des mises à l’intervention massives, notamment en orge. Ce qui a caractérisé également cette campagne, c’est la crise économique qui a fragilisé nos acheteurs habituels notamment du bassin méditerranéen, les achats qui se sont effectués au jour le jour par manque de visibilité et enfin une très forte rétention des agriculteurs. Sur un marché plus spécifique de notre région, le blé dur : la récolte du sud-ouest de la France (zones Toulouse/ Marseille/ Montpellier) s’est repliée de plus de 150.000 t, en raison de mauvaises conditions climatiques. L’Italie subissant des pertes importantes (-1,5 Mt), les prix ont été très bien tenus en début de campagne. Nous nous attendions à une forte demande de l’Italie et du Maghreb. Cependant, le Mexique s’est montré agressif en vendant très tôt 800.000 t à l’Algérie, et surtout les grosses productions de l’Amérique du Nord ont créé la surprise. Les USA et le Canada ont  trusté les marchés européens et du Maghreb, entraînant une baisse de nos exportations de 500.000 t. Et les prix n’ont cessé de se replier. En blé tendre, les rendements du sud de la France ont été très mauvais, entrainant un repli de 30 % par rapport à 2008/2009. La production a été limitée mais les prix n’ont pas été à la hauteur, en raison du contexte global lourd par ailleurs. Même si le maïs a perdu du terrain en sympathie avec le blé et l’orge, il est celui qui a le mieux résisté. Ce marché a été le plus équilibré de cette campagne en Europe, avec le stock de report le moins élevé. Cela explique le fait qu’il soit plus cher que le blé. Nous avons notamment profité de la cherté des origines sud-américaines, également bloquées en raison d’encombrements sur les ports. Le maïs du Sud a bénéficié de son côté d’une demande récurrente de l’Espagne qui importera plus de 2,2 Mt de maïs français cette année.

LDLPM : Quelles sont les perspectives pour la nouvelle campagne ?
FP:
Pour la campagne 2010/2011, nous attendons une situation plus favorable en blé dur, même si les stocks de report sont considérables: plus de 5,5 Mt quand une année d’échanges mondiaux représente 6,7 Mt ! Cependant, une baisse de 35 % des semis est attendue en Amérique du Nord. Dans l’UE, on attend une hausse de 400.000 t à 8,4Mt, et de 300.000 t pour la France à 2,4 Mt. Nous espérons retrouver de bonnes productions dans le Sud. La tendance est à la remontée des prix car les conditions climatiques défavorables vont affecter les productions espagnoles et italiennes. L’Algérie et la Tunisie seront à nouveau de gros clients, pour les mêmes raisons. La parité euro/dollar nous rend plus compétitifs vers les pays tiers. Pour le moment, nous pensons que le blé dur trouvera des débouchés importants pour la prochaine campagne. Et premier point positif : les Mexicains n’ont pas encore exporté sur l’Algérie, handicapés par leurs prix élevés tout comme ceux du fret. En blé tendre, tout reste à faire. Nous nous attendons encore à une grosse production française. Mais dans le Nord du pays, dans la Beauce, en Allemagne ou au Danemark, si le manque de pluies se confirmait, une baisse de la production pourrait être observée. Avec le dollar, le blé français devrait rester compétitif pour nos marchés privilégiés, où, en outre, les récoltes ne s’annoncent pas très bonnes. Pour le moment les clients ne sont pas encore positionnés. En maïs, il faudra surveiller l’influence qu’aura le démarrage de la nouvelle usine de production d’éthanol à Rotterdam. A terme, nous nous attendons à une consommation d’1,1 Mt de céréales par an. L’usine va démarrer ses productions à partir de maïs, mais elle peut produire de l’éthanol à partir d’orge ou seigle. Les semis se sont en tout cas très bien déroulés, et la production est attendue en hausse en Europe. Le dollar en notre faveur pourrait conduire l’Espagne et le Portugal, tout comme l’Algérie ou la Tunisie à réduire leurs imports en provenance des Pays tiers et à privilégier les origines européennes, et donc françaises.

LDLPM : Comment s’annonce cette 13e édition?
FP:
Le succès de la bourse ne se dément pas. Malgré la concurrence du Black Sea Grain meeting de Kiev qui a été reporté au 20 mai, nous devrions encore dépasser les 600 participants. Nous avons toujours pour ambition d’élargir la palette des pays participants tels que Chypre, la Croatie, la Serbie, la Bulgarie et la Roumanie. Si cette année ce développement a été un peu contrarié par le contretemps de la réunion ukrainienne, nous aurons quand même des représentants du Maroc, de l’Algérie, de Malte, Grèce, et même de Hongrie et de Roumanie. Sète s’affirme d’autre part comme une place de plus en plus importante dans les échanges de céréales et d’oléagineux, avec le nouveau silo d’import/export de 50.000 t en cours de finition (cf "Le nouveau silo de Sète prêt pour la mi-juillet").

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