Corridors Grains en mer Noire - Quelles réactions suite à la suspension de l’accord par la Russie ?
La suspension de l'accord initiative grain en mer Noire par la Russie a suscité de nombreuses réactions. La Russie a aussi précisé sa position.
La suspension de l'accord initiative grain en mer Noire par la Russie a suscité de nombreuses réactions. La Russie a aussi précisé sa position.
Alors que la Russie a choisi de suspendre son accord pour la prolongation de l’accord concernant l’initiative grains en mer Noire ce lundi 17 juillet 2023 (date à laquelle le précédent accord s’achevait), de nombreuses réactions ont eu lieu à travers le monde.
Le premier intéressé, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé lundi que Kiev était disposée à continuer ses exportations de céréales via la mer Noire malgré l'annonce par Moscou de la fin "de facto" de l'accord. Le responsable ukrainien a déclaré vouloir continuer à travailler avec les Nations-Unies, la Turquie et d'autres parties prenantes pour faire vivre l'accord sur le corridor de transport de la mer Noire, sans la Russie. "Nous en sommes capables" a affirmé le président ukrainien.
Côté russe,dans un article intitulé « Le chantage ne récupèrera pas l’accord sur les céréales », paru le 18 juillet, Petr Akopov, spécialiste des matières premières pour l’agence de presse RIA Novosti (dont la tutelle est le ministère de la presse et de l'information russe), estime que le président turc « tentera de négocier avec Poutine la reprise de l’accord », tant pour maintenir sa position d’intermédiaire commercial et logistique que pour trouver sa place dans un « nouveau cycle de grandes négociations en Occident », RIA Novosty faisant allusion aux récentes rencontres autour de l’extension de l’Otan.
Quant à la Russie, elle poursuivra « le jeu complexe et nécessaire » avec la Turquie, beaucoup de sujets étant liés : économie, géopolitique, gazoducs, Syrie… La Russie exclut l’attaque du pont de Crimée, lundi 17 juillet, comme un élément d’influence de la décision de Moscou de ne pas poursuivre l’accord sur l’initiative grain en mer Noire. Toujours selon Petr Akopov, ni l’arrêt, ni la reprise éventuelle de l’accord corridor mer Noire ne peut peser sur la volonté de la Russie, à savoir le « démantèlement de l’anti-Russie et de son gouvernement pro-occidental ». Et de poursuivre : « que les navires ukrainiens transportant du grain circulent ou pas et quittent le port d’Odessa pendant un certain temps ou pas, cela ne changera en rien le sort de l’Ukraine ».
L’article confirme aussi que dès que les demandes russes (accès au système bancaire international de paiement Swift et possibilité de vendre concrètement ses fertilisants) auront été satisfaites, l’accord pourra reprendre.
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Pour sa part, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne a été plus catégorique. "Je condamne fermement la décision cynique de la Russie de mettre fin à l'initiative céréalière de la mer Noire, malgré les efforts des Nations unies et de la Turquie. L'UE s'efforce de garantir la sécurité alimentaire des populations vulnérables de la planète ", a-t-elle tweeté. Charles Michel, président du Conseil européen, a regretté l'annonce de la Russie qui " mettra en péril la sécurité alimentaire et l'accès des populations du monde entier aux approvisionnements en céréales et en engrais ".
Paris a condamné la décision russe de mettre un terme à sa participation à l'accord, estimant que Moscou devait "cesser son chantage sur la sécurité alimentaire mondiale". Et de préciser que " la Russie est seule responsable du blocage de la navigation dans cet espace maritime et impose un blocus illégal aux ports ukrainiens".
Pour les Etats-Unis et son chef de la diplomatie Antony Blinken, le choix de Moscou de se service " de la nourriture comme d'une arme (...) va compliquer l'acheminement d'aliments dans les endroits qui en ont désespérément besoin et entraîner une hausse des prix ".
De son côté, le gouvernement britannique a jugé lundi "très décevante" l'annonce par la Russie de la fin de l'accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes mais est bien décidé à poursuivre les négociations a indiqué un porte-parole du premier ministre Rishi Sunak.
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Le président turc, qui s’était avancé un peu vite en soutenant qu’il était persuadé que son homologue russe était d’accord pour poursuivre l’accord, a réitéré ses propos, se disant toujours convaincu que le président russe voulait le poursuivre. Recep Tayyip Erdogan, dont le pays joue un rôle clé dans cet accord – c’est elle qui décide d’autoriser les passages par le détroit du Bosphore, a indiqué aussi que son ministre des Affaires étrangères devait s'entretenir par téléphone avec le ministre russe et qu’il parlerait très bientôt aussi à M. Poutine. Les deux présidents doivent aussi se rencontrer en Turquie début août.
Enfin, l’Allemagne a appelé la Russie « à rendre possible la prolongation de l'accord" à travers une déclaration de la porte-parole adjointe du gouvernement Christiane Hoffmann, avant d’ajouter : "En outre, nous espérons que, à l'avenir, cet accord céréalier ne sera pas seulement à durée déterminée ou pour une courte durée mais que l'on pourra exporter depuis l'Ukraine des céréales et de l'engrais sur le long terme".
Rappelons que l’une des solutions se situe bien au niveau des fertilisants. Le Kremlin assure qu’il est dans l’impossibilité d’exporter sa production, du fait notamment de ne pas pouvoir utiliser le système de règlement bancaire international Swift. Vladimir Poutine a dit clairement que ce point empêchait tout nouvel accord de renouvellement de l’accord si les Occidentaux n’accédaient pas à sa demande sur ce sujet précis. Une lettre allant dans ce sens envoyée par les Nations-Unies (de la main d’Antonio Gutteriez lui-même) et des déclarations au niveau européen sur les fertilisants et le système Swift n’ont pas reçu de réponse de la part des Russes à ce jour.
Les associations humanitaires se sont également emparés de cette non-reconduction pour, comme l’a fait Save The Children, expliquer que des millions d’enfants allaient devoir supporter de nouvelles souffrances liées à la famine.
Suspension n’est pas abandon ou retrait. Les Russes ont bien précisé que sitôt que leurs conditions seraient remplies, ils reviendront à la table des négociations.