Lin : Valorex vise un doublement de la production d’ici cinq ans
Valorex, qui collecte 80 % de la production française de lin, a annoncé la mise en place de nouveaux contrats de production mieux indexés sur le marché.
Valorex, qui collecte 80 % de la production française de lin, a annoncé la mise en place de nouveaux contrats de production mieux indexés sur le marché.
L’entreprise Valorex, principal débouché de la filière lin française via la cuisson de graines de lin oléagineux pour l’alimentation animale, a annoncé début juin l’introduction de nouveaux contrats de production en lin. Ceux-ci devraient permettre « une meilleure indexation des prix de la graine sur le marché, avec un tunnel prix minimum-prix maximum dont la date de fixation se rapproche de la date d’utilisation », explique Guillaume Chesneau, directeur Métiers de l’industrie, Sourcing, Recherche et innovations chez Valorex.
Valorex compte sur ses nouveaux contrats pour augmenter la sole de lin
Pour la redéfinition de ses contrats, Valorex est « parti du constat selon lequel l’évolution des surfaces répercute l’agitation des marchés ». L’objectif pour l’entreprise est de sécuriser son approvisionnement, et ce, alors que la France importe environ 40 % du lin transformé sur son territoire.
La décision de l’Union européenne d’instaurer une taxe prohibitive sur les importations de céréales et oléoprotéagineux russes (dont le lin), impactant les marchés mondiaux, n’a pas joué sur cette décision, même si le recours à l’importation (notamment avec des partenaires au Royaume-Uni où une filière de lin français a été développée) est « assumé pour se positionner sur des marchés qui sont aussi internationaux », d’après Guillaume Chesneau.
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Développer des filières régionales au plus près des outils de production
Pour Valorex, l’intérêt réside également dans le déploiement de la production au plus près des sites de transformation en région, que ce soit ceux qui appartiennent en propre à Valorex, ou à ses partenaires qu’ils approvisionnent.
Stéphane Douabin, responsable des filières végétales chez Valorex, a ainsi cité l’intérêt de l’entreprise pour une progression des surfaces autour du Finistère, de la Vienne, du Doubs, de la Mayenne et dans le Sud-Ouest, afin « d’optimiser la logistique ».
Assurer l’approvisionnement de nouveaux débouchés
En plus du débouché alimentation animale, Valorex compte aussi sur l’innovation et le développement de nouveaux produits à base de lin en alimentation humaine.
Pour pérenniser ces utilisations, Valorex a annoncé travailler avec des sélectionneurs pour le développement de nouvelles variétés adaptées aux différents usages en alimentation humaine, mais aussi animale.
En effet, pour Guillaume Chesneau, « le lin a montré tout son intérêt dans les incorporations pour améliorer la santé des animaux et réduire l’impact carbone de la filière élevage via la réduction des émissions de méthane. Le développement de ces débouchés devrait présenter le potentiel pour une multiplication par deux des surfaces d’ici cinq ans ».
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« Le développement de ces débouchés devrait présenter le potentiel pour une multiplication par deux des surfaces d’ici cinq ans », indique Guillaume Chesneau, directeur Métiers de l'industrie, Sourcing, Recherche et innovation chez Valorex.
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Un mécanisme de calcul plus pérennisant pour la filière
Dans son communiqué de presse, Valorex cite l’exemple de la récolte 2023, lors de laquelle Valorex dit avoir payé le lin aux producteurs « plus de 100 € au-dessus du prix du marché ». En effet, d’après Stéphane Douabin, « les prix 2023 avaient été annoncés en avril 2022, dans un contexte de guerre en Ukraine où le lin était très cher. Entre temps, les prix avaient beaucoup baissé ». Les prix du lin relevés par La Dépêche Le petit meunier étaient en effet passés de 1 020 €/t pour du lin brun départ Charente en avril 2022 à 490 €/t début juillet 2023. A l’inverse, pour la récolte 2024, les prix avaient été annoncés il y a un an et ressentis comme peu incitatifs.
Pour Stéphane Douabin, « tout le monde doit s’y retrouver. Le mécanisme actuel de calcul des prix n’était pas satisfaisant car trop à risque pour l’utilisateur final, puisque deux ans après leur conclusion ces contrats sont toujours utilisés. Le nouveau système de contractualisation devrait permettre de mieux aligner la production et les débouchés, notamment les fabricants d’aliments pour animaux. » L’intérêt d’une indexation au plus près du marché peut également se retrouver pour les producteurs, qui étaient pénalisés les années où le marché progressait fortement, une fois les prix contractuels fixés.
Une production de 3 000 t pourra ainsi être payée en trois temps, en septembre, janvier et avril. Les prix seraient à chaque fois indexés sur ceux du blé et du colza des trois mois précédant la période de fixation du prix, tout en restant dans le tunnel prix minimum-prix maximum prédéfini.
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