Moisson 2024 : vers une baisse de 20 % de la production de blé bio
Alors que l’Agence Bio annonce un recul des surfaces en grandes cultures menée en bio de 24 300 ha en 2023 (-3 %), la nouvelle campagne 2024 s’annonce délicate. Les prévisions nationales tablent sur une baisse de 20 % environ de la récolte bio en blé.
Alors que l’Agence Bio annonce un recul des surfaces en grandes cultures menée en bio de 24 300 ha en 2023 (-3 %), la nouvelle campagne 2024 s’annonce délicate. Les prévisions nationales tablent sur une baisse de 20 % environ de la récolte bio en blé.
En juin, les premières moissons s’enclenchent dans le sud de la France en orge, alors que plus au nord, les semis, notamment du maïs, s’achèvent à peine. Si les configurations sont très hétérogènes, les prévisions pour cette prochaine collecte des céréales et oléoprotéagineux bio sont globalement en repli après la forte poussée de l’an dernier (1million de tonnes toutes espèces bio en 2023, en hausse de 10 %) : selon le groupe bio interprofessionnel Intercéréales-Terres Univia, cette diminution pour la récolte 2024 varie selon les régions, estimée de 20 à 30 % en blé tendre, 15 % en tournesol, 12 % en soja.
Recul de 15 % de la production de tournesol bio en 2024
Outre l’essor des implantations en fourragères en réaction aux baisses de prix, la baisse de la production bio en grandes cultures est due à une pluviométrie exceptionnelle de l’automne et du printemps, jusqu’en juin, un peu partout en France, perturbant les semis, le désherbage mécanique, la germination et générant des risques de maladies cryptogamiques et de pression d’insectes. « D’où des risques de baisses rendements, de détérioration de la qualité, et des conditions de stockage, ainsi que de dégagement vers l’andainage », résume Emmanuel Leveugle, président du groupe interprofessionnel Intercéréales-Terres Univia, et agriculteur en Hauts de France.
Essor des implantations fourragères
Première région bio, l’Occitanie perdrait 11 000 ha en blé tendre d’hiver, liés en partie aux aléas météo. Dans le Gers par exemple, les déconversions atteindrait 30 % et la fermeture de capacités de stockage de 20 %, « un handicap pour la structuration de filière à l’avenir », déplore Emmanuel Leveugle. Pour 2024, tous les audits ne sont pas effectués par les organismes stockeurs, « c’est pourquoi nous n’aurons une vision plus précise sur les déconversions qu’en septembre », précise le président.
Vers un rééquilibrage offre-demande en 2026
Les stocks ne sont pas trop lourds. « En blé, à partir du 30 juin, il y aura quatre mois de stock, mais on s’interroge aussi sur les volumes hors radar, chez les agriculteurs, essentiellement de nouveaux faiseurs bio, estimés à 50 000 tonnes non collectés… », précise Emmanuel Leveugle.
Quatre mois de stock de blé bio au 30 juin
En orge et triticale, FranceAgriMer évalue les stocks à trois mois, ainsi qu’en maïs, « d’où un risque de tension pour cette espèce, d’autant plus que les semis, effectués tardivement, peuvent être problématiques ». La conservation des grains bio, affectés par l’humidité et peu de froid, inquiète également.
Mais pour Emmanuel Leveugle, « hors circonstances exceptionnelles, on n’arrivera à un rééquilibrage entre l’offre et le marché que fin juin 2026, sachant qu’en 2023, la collecte et la valorisation a été optimisée ». Les 28 % d’exports et de déclassement y ont participé.
Quelque 28 % d'exports et de déclassement en 2023
Pour le moment, « il faut protéger l’existant, maintenir les agriculteurs en bio, sachant que les aides au maintien n’existent plus. Obtenir des rendements corrects et des prix rémunérateurs est indispensable. Contractualiser est notre mot d’ordre, pour s’assurer des débouchés. »
Côté marché selon le bilan FranceAgriMer à juin, la meunerie limite la baisse de ses utilisations à 2 %, mais la malterie (-8 %) est à la traîne. Tout comme les fabricants d'aliments pour animaux (-9 %), victimes de la crise de la consommation de viande bio.