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EXPOSITION UNIVERSELLE
À Milan, la carte agricole du monde se dessine

L'Exposition universelle de Milan 2015, qui a ouvert ses portes le 1er mai pour une durée de six mois, dévoile des pavillons aux messages très différents.

Logée au cœur d'un incroyable dédale de voies rapides, le site consiste en une allée de 1,5 kilomètre bordée des “pavillons” des pays participants. À voir la localisation des pays sur le site, le monde semble libéré de ses frontières continentales. Mais cette déstructuration n'est qu'apparente. Il n'y a qu'à décrypter les signes architecturaux envoyés par les pays participants, au nombre de 145. L'Amérique et la Russie veulent nourrir la planète, l'Europe et l'Afrique du Nord promeuvent la diversité alimentaire, le Moyen-Orient réinvente son agriculture. La Chine étale un message entre tradition et modernité du modèle alimentaire. Le fond du message n'y est pas toujours, mais les pavillons sont révélateurs. La carte agricole du monde se dessine à Milan. L'Italie, elle, confirme sa prédominance dans les appellations géographiques de ses productions.

Le pavillon français, un marché couvert

« Le pavillon est un message au monde entier : celui de concilier la sécurité alimentaire et l'enjeu de la durabilité agricole et industrielle », a déclaré le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, lors de l'inauguration du Pavillon France à l'Exposition universelle, le 1er mai à Milan, accompagné de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, et Ségolène Royal, ministre de l'Écologie. La rencontre des produits traditionnels et de la modernité est frappante. « On réinvestit l'idée du temps passé à table », disaient-ils. Le 20 juin, la journée de la France à l'Exposition de Milan devrait être l'occasion de faire valoir, à nouveau, ce modèle français. « Nous ne sommes pas donneurs de leçons. On ne va pas dire “le bio, c'est mieux” et “l'industriel, c'est moins bien”. Il faut de tout », affirmait Alain Blogowski, du Commissariat général de la France pour l'Exposition universelle de Milan 2015, lors d'une conférence sur place, la veille de l'inauguration. Le Pavillon français, loin d'être un des plus imposants par la taille, invite les visiteurs à entrer dans un marché couvert, tout de bois. L'ambiance de bazar met en avant des productions agricoles (maïs, blé, poissons, vins…) et des produits transformés (paquets de biscuits, conserves, etc.).

C'est la diversité de l'alimentation qui marque. L'innovation est aussi présente, avec un espace dédié aux drones. Airinov, jeune société française, tête de file du drone au service de l'agriculture, « défendra la technologie Made in France » à Milan.

Le continent américain et la Russie, silos du monde

Les pavillons du continent américain envoient un message très différent. L'Argentine détonne. Deux silos à grains géants estampillés d'un écriteau “Argentine” font de l'ombre aux pays voisins. Le pays n'est pas entré dans la surenchère de créativité architecturale, dans laquelle se sont engagés bon nombre de pays. Avec ses silos géants, l'Argentine va droit au but en affichant clairement sa volonté de « nourrir le monde ». Le pavillon brésilien situé à l'autre bout du site véhicule le même message, même si l'architecture le montre peu. Un immense cube sans fond, en bois, est posé sur l'espace brésilien. À l'intérieur, un filet divise l'espace en deux étages. La responsable du pavillon traduit l'intention : « Le filet représente le tissu des agriculteurs brésiliens qui couvrent le pays ». Elle poursuit : « Bien sûr, nous avons une vocation exportatrice. »

Les États-Unis, eux, étonnent un peu. D'un côté, le message officiel est « uni pour nourrir la planète ». De l'autre, le message que renvoie le pavillon est différent. L'Oncle Sam semble vouloir se débarrasser de l'image de la malbouffe et du fast-food, et le faire savoir. Un drapeau américain immense, en dur, se dresse à l'entrée du pavillon. Ses étoiles ont été remplacées par le symbole d'une assiette et ses couverts. «: À table ! », semble dire cette construction. Une inscription le complète : « American food 2.0 ». L'intérieur est minimaliste. Les plus grandes attractions sont des écrans plats où l'on aperçoit le e couple présidentiel. Pas évident de décrypter le message alimentaire des États-Unis.

La Russie semble aussi très impliquée dans sa fonction de « producteur alimentaire mondial ». C'est la position officielle du pays. Mais le pavillon entend faire la démonstration scientifique de cette fonction. Les murs y sont recouverts du tableau périodique des éléments chimiques. Certains atomes sont remplacés par des photos de légumes, de produits alimentaires. Au centre, un assemblage de verrerie de laboratoire est éclairé par des néons bleus. Au fond, une bibliothèque débordant d'ouvrages scientifiques accompagne le visiteur vers la sortie. Officiellement, Georgy Kalamanov, commissaire général du pavillon, explique : « Nous voulons célébrer les énormes contributions de la Russie dans les domaines de la science et de l'agriculture. »

Le Moyen-Orient réinvente son agriculture

Le Koweït, le Qatar et les Emirats arabes unis montrent au monde leur capacité à innover. Le pavillon du Koweït, par exemple, met en scène les conditions naturelles extrêmes auxquelles les agriculteurs sont confrontés, et dévoile derrière une immense double-porte, un espace grandiose et vitré tapissé de plantes vertes. Le pays voit loin : l'agriculture est en pleine construction. Le message est clair : le pays ne subit pas son milieu naturel. Au contraire, il devient le moteur de l'innovation. Grands absents, le continent africain (hors Afrique du Nord) est très peu représenté. Tout comme l'Inde, dont l'absence serait liée à un différend diplomatique avec Rome.

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