Prix du blé tendre : « On pourrait dans les deux prochains mois tomber autour des 220 $/t »
Les stocks mondiaux de blé sont restreints, mais la Russie reste très agressive sur le marché international.
Les stocks mondiaux de blé sont restreints, mais la Russie reste très agressive sur le marché international.
« Notre vision du marché du blé tendre est stable à baissière d’ici à la fin de la présente campagne commerciale 2023-2024, soit jusqu' à juin 2024 », s'est exprimé Sébastien Poncelet, analyste d'Agritel, du groupe Argus Media, en marge du Paris Grain Day le 25 janvier. Arthur Portier, conférencier lors de l'événement et autre expert de la société, indique que « le prix actuel de 240 $/t FOB Rouen semble constituer un certain équilibre. On pourrait dans les deux prochains mois tomber autour des 220 $/t ».
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La raison essentielle : l'agressivité des Russes sur la scène internationale. Agritel estime les stocks locaux à 22 Mt à fin décembre 2023, contre 14 Mt l'an dernier à pareille époque. Ainsi, les disponibilités sont là au sein du principal exportateur mondial. « L'Europe et la France devront s'aligner sur la Russie s'ils veulent pouvoir vendre », précise Arthur Portier. Le scénario, qui inquiète, peut être le suivant : la compétitivité des russes peut inciter les vendeurs européens à se positionner en panique, ayant besoin de vider leurs silos, autoalimentant le repli des cotations.
Le marché du maïs constitue un autre élément baissier. Les réserves planétaires remontent depuis plusieurs campagnes, grâce notamment à une récolte aux Etats-Unis finalement meilleure qu’attendu selon Agritel. « Les stocks mondiaux sont plus confortables en maïs, exerçant une certaine pression sur les cours internationaux », argue Sébastien Poncelet. La graine jaune peut en effet se substituer en partie au blé dans les formulations des fabricants d’aliments pour animaux.
4,2 Mha de blé tendre en France, pas plus de 30 Mt en 2024 selon Agritel
Et quid du second semestre 2024 pour le marché du blé ? « Tout est ouvert », déclare Sébastien Poncelet. En d’autres termes, Agritel n’a pas d’opinion définitive en raison de grosses incertitudes. En plus de la géopolitique instable (guerre en Ukraine, Israël-Palestine, élections européennes et états-uniennes, etc.), il faut ajouter le facteur météo. Pour le moment, les cultures se développent dans de bonnes conditions en Russie. C’est beaucoup moins le cas en Europe et en France. « Nous tablons sur des surfaces hexagonales à 4,2 Mha. Nous ne voyons guère comment nous pourrions dépasser les 30 Mt en 2024 », regrette Arthur Portier. D’autres pays européens, notamment l’Allemagne, ont été touchés par les intempéries, perturbant également leurs semis.