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Récoltes
Le rendement moyen 2020 du maïs en France est estimé à 8,94 t/ha par l'AGPM

Des résultats meilleurs qu’attendu ont été rapportés en Bretagne et dans le Centre, affirme Thomas Joly, animateur de la filière Maïs d’Arvalis-Institut du végétal.

© Capri23auto-Pixabay

Alors que la récolte est achevée à environ 80 % mi-octobre, le rendement moyen en maïs grains hexagonal pour la récolte 2020 est pour le moment estimé à 8,94 t/ha, contre 8,93 t/ha en 2019, et (9,31 t/ha en moyenne sur les cinq dernières années) rapporte Thomas Joly, animateur de la filière Maïs d’Arvalis-Institut du végétal, lors d’une webconférence organisée par l’Association générale des producteurs de maïs (AGPM), le 21 octobre. Ce chiffre peut potentiellement évoluer, mais il s’agit d’une estimation bien avancée. Sur une surface nationale évaluée à 1,52 Mha, les volumes atteindraient donc 13,58 Mt. Rappelons que l’an dernier, la récolte française s’élevait à 12,757 Mt, pour des rendements à 8,88 t/ha et une sole à 1,507 Mha, selon Agreste.

L’estimation d’Arvalis-Institut du végétal reprise par l’AGPM se révèle être plus optimiste que celle de Stratégie Grain en termes de rendements, qui tablait sur un rendement de 8,5 t/ha début octobre (pour une surface à 1,62 Mha environ), et celle d’Agreste (8,54 t/ha et 1,583 Mha au 1er octobre), mais plus pessimiste en termes de surfaces. L'optimisme au sujet de la productivité vient du fait que « des rendements supérieurs aux attentes dans plusieurs secteurs ont été constatés », explique Thomas Joly. Ce dernier évoque tout particulièrement la Bretagne. « On a eu très peur, mais finalement, on a obtenu dans certains cas des rendements record en pluvial [maïs non irrigué] », se réjouit l’expert d’Arvalis. L’autre région ayant bénéficié de rendements supérieurs aux attentes est le Centre. Concernant le pessimisme au sujet de l'assolement, Thomas Joly indique qu’environ 50 000 ha de maïs grains sont passés en maïs fourrage, un chiffre légèrement inférieur à celui de l’an dernier (60 000 ha). Ainsi, les surfaces de maïs grains s'élevaient au départ à 1,57 Mha.

Baisse annuelle du chiffre d’affaires à l'hectare des maïsiculteurs

La récolte hexagonale devrait donc être moins mauvaise qu’attendu, mais la campagne 2020/2021 va être difficile pour les producteurs sur le plan financier, selon l’AGPM. Le chiffre d’affaires à l’hectare reculerait de 1,2 % entre la moyenne établie sur 2015-2019 et la campagne commerciale 2020/2021, d’après le syndicat. « Nous travaillons sur une hypothèse de prix moyen payé au producteur de 150 €/t environ sur 2020/2021, un chiffre stable voire légèrement inférieur à celui de l’an dernier », précise Arthur Boy, chargé de mission Economie de l’AGPM.

Pourtant, les prix observent une tendance haussière depuis août sur Euronext, passant de 164,75 €/t au 6 août 2020 pour atteindre 184,75 €/t en spot le 15 octobre. Ce qui donne, pour l’instant, des prix payés aux producteurs d’environ 160-170 €/t, explique Daniel Peyraube, président de l’AGPM, « permettant de faire un peu de marge (…) Personne n’avait vu venir cette hausse des prix ! ».

La tendance actuelle laisserait penser que les maïsiculteurs français obtiendraient de meilleurs prix que l’an dernier. « Certes, la hausse des cours fait du bien. Elle s’explique par le fait que la récolte états-unienne 2020 tomberait à 375 Mt finalement, contre 400 Mt estimées en début de campagne. Le sec de l'été et une tempête dans l'Iowa, représentant 20% de la production états-unienne, ont affecté les cultures. De son côté, la Chine pourrait importer 15 à 20 Mt en 2020/2021, spécialement des Etats-Unis, contre 4 Mt/an habituellement », précise Arthur Boy. Ajoutons à cela les soucis de production en Ukraine (attendue à 31-32 Mt par Ukragroconsult cette année, contre 36 Mt selon le dernier rapport de l'USDA l'an dernier) et en Roumanie (aux alentours de 10 Mt, contre 14-15 Mt l'an dernier).

Vision actuelle plutôt baissière du marché du maïs par l’AGPM

Mais les déboires de l’Europe de l’Est seraient déjà intégrés par le marché, selon le spécialiste de l’AGPM. Et une baisse des prix n’est pas à exclure pour le reste de la campagne, soit une vision semblable à celle de Stratégie Grains fin septembre. « Le chiffre de 15-20 Mt d’importation de maïs par la Chine est très hypothétique. Les informations sur les stocks chinois sont très peu fiables. De plus, les fonds spéculatifs ont une position nette acheteuse de plus de 171 000 lots à Chicago au 13 octobre. Une information est susceptible de retourner la conjoncture, et de déclencher des ventes massives de la part des fonds », prévient Arthur Boy. Des ventes massives conduiraient potentiellement à une baisse des cours mondiaux.

La sécheresse en Amérique latine est à surveiller. « Une hausse annuelle de la sole de 1 Mha est attendue au Brésil, à 18,5 Mha, compte tenu de la baisse de celle de coton, pénalisée par le manque de demande de l’industrie textile, fragilisée par la Covid-19. Reste à savoir si les pluies seront suffisantes pour les semis de soja. Si elles ne le sont pas, des agriculteurs pourraient se tourner davantage vers le maïs », analyse l’expert de l’AGPM.

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