Les industriels veulent se passer des insecticides
Industriels et organismes stockeurs cherchent des alternatives à l’utilisation d’insecticides lors du stockage du blé. Quelques acteurs de la filière céréalière ont exposé leurs actions préventives. Exemples terrain.
Face aux réglementations de plus en plus drastiques sur l’utilisation d’insecticides pendant le stockage des grains, certaines usines de transformation de blé cherchent à éviter le recours aux phytos. Trois industriels ont présenté leurs stratégies le 9 novembre lors des journées techniques des industries céréalières (JTIC) à Paris.
Garder le bâtiment à une température inférieure à 20 °C
Tereos, qui transforme environ 200 t de blé chaque jour en éthanol, a décidé de bannir les grains traités au pirimiphos-méthyl. « Nous avons mis en œuvre des analyses tout au long de la chaîne de production, rapporte Paul Jacquelin, responsable back-office Achat céréales chez Tereos. En cas d’infestation, les stocks sont détruits. La communication avec nos fournisseurs a été renforcée pour mieux les renseigner sur nos besoins et les alternatives existantes. »
Chez le meunier Axiane, les exigences, dont l’absence d’insectes vivants, sont exposées dans le cahier des charges du blé. Des contrôles dès la réception ont été mis en place. « Le savoir-faire des opérateurs et les équipements sont en pleine évolution », constate Melvin Dyevre, quality system manager à Axiane meunerie. De la conception des équipements afin de limiter les zones de rétention jusqu’au nettoyage, en passant par le maintien de la température du bâtiment à moins de 20 °C, tout est analysé. Le stockage du produit fini a été réduit, des piégeages avec reconnaissance des insectes sont réalisés et l’hygrométrie dans les silos est maîtrisée. « Bien sûr, ces actions sont limitées par le coût, le temps et l’espace disponible », ajoute-t-il. Les Moulins Soufflet se focalisent, eux, davantage sur l’identification de l’infestation avec une surveillance de la part de l’opérateur ou d’un auditeur, l’analyse des produits de tamisage ou encore le piégeage à phéromone.
Le nettoyage des cellules est primordial
En amont, les organismes stockeurs utilisent des pratiques afin de répondre aux besoins des industriels. Selon l’enquête Analyse des risques au stockage sur blé tendre réalisée de 2008 à 2015 par FranceAgriMer, entre 25 et 40 % des lots sont infestés par des insectes. Alors que près de la moitié des lots de blé est traitée avec des insecticides de contact. Toutefois, les cellules de stockage sont presque toutes ventilées, et disposent d’un système de surveillance de température. Des actions préventives comme le nettoyage des locaux, leur désinsectisation, la ventilation et le nettoyage des grains sont des alternatives aux insecticides. « Il est important de travailler sur le suivi des populations en contrôlant les lots dès réception, en mettant en place des pièges à insectes », explique Katell Crepon, responsable du pôle Stockage chez Arvalis. En cas d’infestation, des actions correctives peuvent être menées par un nettoyage des grains, la lutte par le froid ou des produits de biocontrôle.