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Les émissions de poussières brouillent les relations des silos de stockage avec leur voisinage
« L’impact des silos sur leur environnement, notamment en termes d’émission de poussières, est une problématique qui monte en puissance, pour des questions d’attentes sociétales notamment », témoigne Laurent Dupont, responsable Technique et Risques industriels de Coop de France Métiers du grain. « Nous constatons une progression significative des plaintes, au niveau civil, pour troubles anormaux du voisinage, et ce, sans que les nuisances ne soient forcément plus importantes qu’auparavant », indique-t-il. « Et cela peut aller jusqu’au procès ! » Par ailleurs, la réglementation se durcit, avec notamment les Plans de protection de l’atmosphère (PPA), qui définissent des zones sensibles dans lesquelles les émissions doivent être limitées. Le plan Particules, initié en 2010 sur recommandation de l’Ademe, vise lui une baisse globale de 30 % des particules de moins de 2,5 microns d’ici 2015. Mais les autorités sanitaires s’intéressent aux particules jusqu’à 10 microns. « Avec nos adhérents nous cherchons dès lors à identifier les meilleures technologies pour limiter les émissions et les besoins de métrologie. »
Mieux maîtriser le pouvoir émissif des lots et process
« Les silos peuvent émettre des poussières au moment des chargements/déchargements et en sortie des séchoirs », résume Laurent Dupont. « Nous essayons de démontrer que nous sommes faiblement émetteurs de particules fines, potentiellement les plus dangereuses pour la santé », explique-t-il, précisant : « Nos installations libèrent en effet davantage de gros follicules, notamment lors de la mise en œuvre des maïs. Libérés durant la manutention, ils peuvent être plus ou moins emportés en fonction de la configuration du site et des conditions météo, et gêner les voisins. Ils ne présentent aucun caractère dangereux pour la santé. »
Première étape pour convaincre : « caractériser précisément les émissions de poussières ». Leur mesure est obligatoire à la sortie des séchoirs soumis à autorisation. Un hic néanmoins, « cela n’est pas possible puisque les séchoirs commercialisés ne sont pas équipés de cheminée répondant aux normes définissant les conditions de mesures ». Le projet Emicer* vise justement à mettre au point une méthode d’évaluation des émissions canalisées en adaptant les dispositifs existants. Il travaille aussi au développement d’un protocole simple de mesure des émissions diffuses sur un nuage de poussières. « Nous allons ensuite essayer de déterminer les facteurs d’émission des opérations unitaires. Au niveau des séchoirs, cela nous permettrait d’estimer les émissions de particules fines sans avoir à les mesurer », anticipe Laurent Dupont. Autre objectif visé : pouvoir « évaluer, en amont, le pouvoir émissif des lots par la réalisation d’essais en laboratoires simples ».
Mesures organisationnelles, installation de filtres rotatifs dans les séchoirs, de ventelles à leur sortie (posant des problèmes de désynchronisation avec l’extraction des grains), nébulisation d’eau ou d’huiles végétales (plus coûteuses) comme aux états-Unis… Coop de France entend aussi tester l’efficacité des différents dispositifs de diminution des émissions.
* Financé par l’Ademe, le projet Emicer mobilise l’Inéris (Institut national de l’environnement Industriel et des risques), Arvalis, le laboratoire Germ Services, le Citépa (Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique) et le groupe Mape.