Commerce international
Pourquoi les échanges mondiaux de farine sont prévus en très nette baisse pour 2022-2023 ?
La faible demande de l'Afrique et de l'Amérique du Sud explique ce recul des exportations de farine sur la campagne de commercialisation en cours.
La faible demande de l'Afrique et de l'Amérique du Sud explique ce recul des exportations de farine sur la campagne de commercialisation en cours.
Dans son dernier rapport sur les offres et demandes des produits de matières premières agricoles paru le 12 janvier 2023, le Conseil international des céréales (CIC ou IGC) prévoit des échanges mondiaux de farine de blé à 13,8 Mt (équivalent blé) pour la campagne commerciale 2022-2023, soit le niveau bas atteint au pire moment de la crise sanitaire liée à la Covid-19 pendant l’exercice 2020-2021. Si ce niveau est atteint, cela situerait la campagne en cours à 300 000 t en dessous de la précédente et à 200 000 t en dessous des précédentes prévisions publiées en octobre 2022. Il faut remonter à 2013-2014, avec 13,2 Mt échangées, pour trouver un volume aussi faible.
La très faible demande de farine d’importation de la part de l’Afrique et de l’Amérique du Sud explique en grande partie ce recul. « Avec des conditions économiques difficiles et des prix élevés pour les produits à base de blé qui pénalisent la consommation des ménages, il ressort que les livraisons en Afrique Sub-Saharienne ont nettement ralenti en octobre et novembe 2022. C’est particulièrement le cas pour l’Angola, le Bénin ou encore le Ghana » peut-on lire dans la publication du CIC. En fait, les importations vers cette zone de l’Afrique atteindraient 1,8 Mt, le plus bas niveau depuis au moins douze ans.
Du côté de l’Amérique du Sud, l’Argentine a connu une mauvaise année de production en raison d’une importante sécheresse. Résultat : le plus gros exportateur de la zone voit ses prévisions d’exportations vers ses pays voisins passer de 741 000 t en 2021-2022 à 400 000 t en 2022-2023. En conséquence, le CIC estime que les importations de la Bolivie et du Brésil pourraient demeurer en-dessous du niveau de l’an passé. Et le Brésil a dû encore faire appel à des origines autres que celles de son traditionnel fournisseur – l’Argentine -, en l’occurrence le Paraguay et l’Uruguay. Selon le CIC, les importations en farine de la Bolivie et du Brésil pourraient atteindre leur plus bas niveau depuis respectivement huit et neuf ans.
Importateurs et exportateurs
L’Irak devrait rester le plus important importateur mondial de farine en 2022-2023, avec 2,6 Mt, en hausse par rapport aux 2,1 Mt de l’année précédente. Le CIC fait cependant remarquer que ces volumes pourraient plafonner à ce niveau car le gouvernement irakien déploie des mesures pour favoriser les activités de meunerie dans le pays. L’Afghanistan devrait demeurer le deuxième plus gros importateur de farine dans le monde avec un total de 1,8 Mt (1,7 Mt en 2021-2022).
La Turquie consolide sa place d’exportateur mondial numéro un, avec une prévision de 4,9 Mt, soit 500 000 t de plus par rapport à la précédente campagne commerciale. Le Kazakhstan occupe la seconde position, avec une prévision de 2,4 Mt à l’export (+ 90 000 t comparé à 2021-2022).
A noter aussi que certains pays, notamment en Afrique mettent en place des mesures pour trouver des alternatives à l’importation de blé meunier en raison des prix élevés de cette matière première. Depuis 2020, la République démocratique du Congo essaie de développer une filière de manioc panifiable pour le secteur de la boulangerie pâtisserie, afin de réduire sa dépendance aux importations de farine de blé.