Céréales
Les cultures françaises cicatrisent, mais des plaies restent ouvertes
Les opérateurs contactés confirment dans l’ensemble l’effet bénéfique des récentes pluies sur les plantes, mais déplorent des pertes, dans le nord-est du pays notamment.
Le gel tardif et le manque d’eau faisaient craindre un nouveau cataclysme sur les rendements des céréales françaises 2017. Après les précipitations survenues sur mai-début juin, les OS sont pour la plupart soulagés. Les opérateurs contactés estiment dans l’ensemble que, pour le moment, les volumes devraient être conformes aux moyennes quinquennales historiques en blé tendre et en blé dur, avec une certaine hétérogénéité selon les secteurs. Les résultats pourraient être moins bons en orges d’hiver, spécialement dans le nord-est du pays et, plus généralement, là où les sols superficiels dominent, affectés par le manque d’eau. Les fonds de vallée ont, de leur côté, souffert des basses températures. L’état phytosanitaire des parcelles serait bon.
De belles parcelles dans le Loir-et-Cher mais…
Dans le centre de la France, la situation est globalement acceptable, avec des situations contrastées. Selon un opérateur anonyme, « les parcelles d’orges et de blés sont magnifiques dans le Loir-et-Cher, et n’ont pas souffert du froid durant avril ». Les pluies sont tombées au bon moment en mai, avant la floraison, compensant le déficit hydrique. En revanche, dans la Nièvre, spécialement dans les fonds de vallée, « on pourrait avoir une perte de rendements de céréales d’hiver de 15 %, du fait des gelées de mars-avril. Les orges d’hiver, plus précoces que le blé tendre, ont été plus touchées, car en pleine méiose », précise le même expert. Joël Lorgeoux, directeur du département agronomique du groupe Scael, partage ce point de vue. « Le froid va engendrer quelques pertes de grains sur les épis, de 1 à 5 %. Néanmoins, le retour des pluies et la bonne luminosité peuvent compenser les dégâts, en augmentant le PMG (poids de mille grains) ». L’expert voit, pour l’instant, des rendements 2017 à peu près dans la moyenne quinquennale en céréales à paille sur sa zone d’influence (Eure-et-Loir, Bassin parisien, Sarthe et Orne), soit 65-70 q/ha.
Dans la grande région de l’Est, la situation est plus compliquée. « Les épisodes de froid et de sec, notamment au niveau des sols superficiels, font reculer les potentiels de production par rapport à la normale, notamment, dans la Meuse, la Haute-Marne et l’Aube », témoigne Jean-Olivier Lhuissier, directeur des activités agricoles de Vivescia.
« Si les blés ont été peu pénalisés, les orges (d’hiver surtout), ont souffert du manque d’eau et du froid, dans le nord-est du pays », précise un spécialiste anonyme.
Néanmoins, « la bonne luminosité et les précipitations, tombées certes de manière irrégulière, pourraient permettre d’obtenir de bons PMG 5iods de mille grains), et ainsi des rendements autour de la normale sur l’ensemble de la zone d’influence de Vivescia, qui va des Ardennes au sud de la Seine-et-Marne », tempère Jean-Olivier Lhuissier.
Dans l’Ouest, « on serait dans une année "moyenne-moins" sur la zone Vendée/Deux-Sèvres », estime Christophe Vinet, directeur du pôle végétal de la Cavac. Pour lui, ce sont surtout les orges d’hiver qui ont souffert de la chaleur et du manque d’eau. « En Vendée, il y a eu de l’eau, contrairement aux Deux-Sèvres ». En revanche, les parcelles de blé tendre et surtout de blé dur « sont belles », rassure ce dernier. Christophe Vinet estime ainsi que, toutes céréales à pailles confondues, les rendements sur la zone d’influence de la Cavac devraient être proches de la moyenne quinquennale historique (65-70 q/ha).
Dans le Sud, Nicolas Prevost, responsable de la collecte chez Arterris, juge pour le moment le potentiel de production des céréales à pailles bon, même si le froid (fond de vallée) et le manque d’eau (sols peu profonds) ont provoqué quelques dégâts. « Les coupes d’orges d’hiver ont débuté et celles de blé dur sont pour bientôt. Toutefois, la météo annonce du vent et de la chaleur pour les jours à venir. Cela pourrait pénaliser les rendements. Des pluies supplémentaires seraient bienvenues », précise-t-il.