Les comportements des acheteurs n’ont pas changé, note Coop de France
Les nouveaux textes régissant les pratiques commerciales ont déclenché une guerre de prix sans création de valeur, préjudiciable pour les producteurs adhérents des coopératives.
À la veille de la conclusion des négociations annuelles avec la grande distribution, Coop de France a tiré un bilan mitigé de la loi Sapin II, le 27 février au Salon de l’Agriculture. Pascal Viné, délégué général, a relevé que, cette année encore, les négociations avaient porté à 95 % sur les prix, et très peu sur les produits. « Les comportements n’ont pas changé, malgré les engagements pris » : la plupart des partenaires veulent de la déflation sur les prix, et ont des exigences logistiques.
Les sondages auprès des adhérents de Coop de France montrent que les acheteurs ne lâchent rien. Sur le porc, par exemple, à coûts de production accrus de 22 % sur un an, ils demandent une stabilité tarifaire. Selon Rachel Blumel, directrice pour l’agroalimentaire, une fois sur deux, la question des marges est un préalable aux négociations. Des promotions sont suggérées dans 85 % des cas. Les contreparties sont inexistantes, ou globalisées, ce qui ne permet pas de discuter. L’appartenance à une coopérative n’est valorisée que dans 10 % des cas.
La loi Sapin II n’a rien simplifié
Coop de France note que la loi Sapin II, troisième texte en trois ans, a juste entraîné un décalage dans le timing des négociations. Finalement, il n’y a pas eu de modification des accords-cadres des enseignes.
Pour ce qui est de la transparence, les nouveaux instruments ont des effets pervers. « La rémunération de l’adhérent se fait à plusieurs niveaux, rappelle Dominique Chargé, président de la section agroalimentaire. C’est le prix du produit à l’apport, un complément pour la valorisation faite par la coop, une ristourne sur le résultat de l’année, et la rémunération des parts sociales. Ce n’est pas notre logique de plafonner au minimum vital pour le producteur. » Il suggère d’abandonner les comparateurs de prix, et demande une révision de la LME (loi de modernisation de l’économie). « La LME a favorisé le pouvoir d’achat du consommateur, au détriment des agriculteurs », selon lui. Il demande « un paradigme différent, en création de valeur pour nos producteurs ».