Filières
Les céréaliers libres d’aider l’élevage
Le fonds de solidarité, proposé par la FNSEA et rebaptisé fonds de modernisation, prévoit une cotisation volontaire de 2 €/t.
REUNIS À PARIS le mardi 23 octobre, les syndicats agricoles majoritaires, accompagnés de Coop de France et de la Fédération du négoce agricole (FNA), ont présenté le Fonds de modernisation Céréaliers-éleveurs (FMCE, ex-fonds de solidarité) à la presse, ainsi que ses modalités de fonctionnement. Estimé à 100 M€ lors de son lancement fin août, ce niveau reste très hypothétique puisque le système de financement choisi est une cotisation volontaire de la part des producteurs de blé et de maïs, de 2 €/t, à caractère non obligatoire. L’objectif du fonds reste l’amélioration des structures d’élevage.
Quid du fonctionnement du FMCE ?
Le financement du Fonds de modernisation Céréaliers-Éleveurs est basé sur la participation volontaire des producteurs de blé et de maïs qui, s’ils le souhaitent, verseront 2 euros par tonne de blé livrée à leurs organismes stockeurs. La filière oléagineuse devrait y participer mais l’officialisation de cette contribution doit recevoir l’aval du conseil d’administration de la Fop prévu début novembre. Les prélèvements se feront en fin de campagne, ont annoncé les syndicats présents. Il faudra donc attendre l’été prochain pour être fixé sur le montant final du FMCE, dont la reconduction sur 2013/2014 n’est pas prévue pour le moment. « La durée du fonds sera liée à la capacité des céréaliers à y participer. Il n’y a pas de caractère reconductible pour l’instant », explique Pascal Hurbault de l’AGPB.
D’un point de vue pratique, le fonds sera porté par « une association, constituée au départ par l’AGPB, l’AGPM, Coop de France et la FNA », appelée Intergrains et présidée par Philippe Pinta (AGPB). C’est le Comité d’engagement, présidé par Christophe Terrain (AGPM) qui décidera des utilisations du FMCE. Quatre collèges ont été prévus pour déterminer l’orientation du fonds. Le premier est constitué des producteurs de grains, représentés par l’AGPB et l’AGPM, le second des éleveurs, représentés par les fédérations nationales bovine, porcine, des producteurs du lait et de l’aviculture (FNB, FNP, FNPL et CFA). Le troisième concerne les organismes stockeurs et l’industrie de la nutrition animale, représentés par Coop de France Métiers du grains, la FNA, Coop de France Nutrition animale et le Syndicat des industriels de la nutrition animale (Snia). Enfin, un quatrième collège de syndicats à vocation générale participerait à la prise de décision. Ce collège devrait accueillir la FNSEA, les JA mais aussi la Coordination rurale (CR) et la Confédération paysanne (Conf’). Ces deux derniers ne semblent pourtant pas prêts à y siéger, y voyant une manœuvre politicienne à l’approche des élections aux chambres agricoles. « Nous n’avons eu aucune information, aucun échange, aucune discussion à ce sujet », a réagi, dans Agrafil, Philippe Collin pour la Conf’, qui refuse ainsi d’y participer. « Si c’est pour servir de faire-valoir, Xavier Beulin peut gérer son fonds tout seul », a quant à lui déclaré Bernard Lannes pour la CR.
Le FMCE financera « des actions structurantes contribuant à l’amélioration de la compétitivité de l’élevage français telles que la modernisation des élevages, l’améliotation des conditions de travail des éleveurs, la génétique animale ou la relance de l’engraissement ». « L’effort des céréaliers doit être fait pour des entreprises qui organisent le marché et cherchent le consommateur, travaillent sur les économies d’énergie, la compétitivité des produits, ou qui investissent sur des projets d’énergie renouvelable », a précisé Michel Prugge de la CFA.
Des questions qui restent en suspens
Compte tenu du caractère volontaire de la participation au fonds, aucune garantie n’existe quant à son fonctionnement futur. D’autant que, d’ici la fin de la campagne, la conjoncture pourrait s’inverser avec des prix de la viande en hausse et de céréales en baisse, n’incitant pas forcément à un élan de générosité des producteurs de grains. D’autre part, dans la mesure où toutes les structures d’élevage ne bénéficieront pas du FMCE, des distorsions de concurrence entre exploitations ne sont pas à exclure.