Les bactéries, une alternative à la pénurie en pétrole et au traitement des marées noires
Les bactéries nous sauveront-elles du pétrole ? A cette question, il est désormais possible d’y répondre par l’affirmative. Depuis les années 70, la perspective d’une pénurie mondiale des ressources en pétrole d’ici 2050 a poussé les chercheurs du monde entier à trouver une alternative. De plus, afin de minimiser l’impact de désastres écologiques tels que les marées noires sur notre environnement, il a fallu trouver des méthodes de décontamination « propres » pour éviter l’utilisation de substances chimiques nocives.
Le biogaz en question
Deux types de bactéries nous permettraient de résoudre ces problèmes. Les bactéries pour retarder la fin annoncée du pétrole sont dites « méthanogènes », vivant en conditions anaérobies. Elles vont transformer de façon naturelle le pétrole en méthane ou en gaz naturel. Ce procédé, publié dans Nature par des chercheurs canadiens, permet donc d’obtenir du méthane biologique dit biogaz, un hydrocarbure émettant moins de CO2 que le pétrole ou les huiles lourdes. Appliquée à grande échelle cette technique conduirait les compagnies pétrolières à n’extraire que le méthane des champs pétrolifères et à laisser dans le sous-sol les matières polluantes et difficilement extractibles.
Ces bactéries pourraient avoir un rôle très important à plus ou moins long terme sur le marché énergétique en repoussant la fin du pétrole et en redistribuant les bénéfices économiques sur l’échiquier mondial. Avec des conséquences sur les marchés agricoles qui, par l’intermédiaire des biocarburants, sont en prise avec ceux de l’énergie.
Des hydrocarbures dégradés
Une partie des bactéries mangeuses de pétrole provient des fonds marins. Elles sont dites psychrophiles, c’est-à-dire capables de vivre dans les eaux profondes à des températures inférieures à -5°C. Selon des chercheurs américains, elles se seraient adaptées au cours du temps en fonction des modifications de leur écosystème. Ces bactéries déversées sur les nappes d’hydrocarbure dégraderaient le pétrole brut en d’autres composés beaucoup moins nocifs sans épuiser l’oxygène de l’eau et donc sans nuire à l’écosystème marin. Les autres bactéries dégradant le pétrole sont des bactéries de surface, rares dans les eaux propres mais en quantité importante dans les eaux souillées. Elles sont capables de proliférer presque exclusivement à partir d’une large gamme d’hydrocarbures contenus dans le pétrole brut. Ces bactéries forment un film biologique au niveau de la zone de contact entre le pétrole et l’eau facilitant le travail de leur arsenal d’enzymes de dégradation. Les bactéries mangeuses de pétrole (biotraitement) ont été utilisées pour la première fois lors de la catastrophe de l’Exxon Valdez en 1989. Plus récemment, la Chine a déversé plus de 20 t de ces bactéries après l’explosion de deux oléoducs au nord-est du pays, le 16 juillet dernier. Il est probable qu’à court terme, l’ensemble des compagnies pétrolières et des gouvernements intensifient le développement de nouvelles technologies utilisant ces micro-organismes pour gagner la bataille du pétrole.