Sélection variétale
Le semencier Saaten Union planche sur de nouvelles techniques d’hybridation
Le spécialiste allemand du blé hybride en est convaincu, répondre à la demande mondiale croissante tout en respectant les exigences sociétales dans les décennies à venir passera par la voie de l’hybridation. À l’occasion d’une journée de présentation de leur nouvelle installation à Estrées-Saint-Denis (Oise), le semencier a exposé ses axes stratégiques pour les années à venir. Parmi ceux développés, deux innovations en matière d’hybridation pourraient voir le jour dans les prochaines années, ainsi que l’arrivée de blés polyploïdes.
Deux nouveaux systèmes d’hybridation
« L’effet hétérosis (particularité des blés hybrides, NDLR) permet d’obtenir plus de productivité et de régularité, et d’obtenir de nouvelles variétés plus rapidement (cinq ans contre dix ans en moyenne) », explique Wolker Lein, le directeur scientifique de Saaten Union Recherche, qui reconnaît que de fortes contraintes de production demeurent. L’entreprise dispose actuellement de 10.000 ha de surface pour produire ses hybrides grâce à la technologie Croisor propre à Saaten Union. Lors de son intervention, il a présenté deux des projets de recherche de l’entreprise, destinés à améliorer les conditions de production de semences, qui constituent le problème majeur des blés hybrides actuellement. « Aujourd’hui, nous avons recours à la stérilisation chimique, demain nous aurons accès à des systèmes d’hybridation complémentaires, OGM et non OGM. » Parmi ces solutions, le projet “Hy Wheat Tritordeum” dans le cadre d’un partenariat entre Saaten Union Recherche et l’Université de Cordoue (Espagne), qui utilise une orge sauvage appelée Hordeum chilense pour obtenir, après différents croisements avec un blé, un hybride F1, présentant un génome stable et parfaitement fertile. Le second projet, appelé “Split Gene”, « correspond à une stérilité nucléaire », dont le principe repose « sur l’utilisation d’un gène de stérilité, réparti sur deux fragments complémentaires intégrés par transgénèse » (il s’agit d’un organisme génétiquement modifié, NDLR). Ce projet sera toutefois conditionné par l’évolution du débat sur les OGM dans l’UE.
Des blés polyploïdes pour plus de biomasse, de rendement et de protéines
Autre axe de recherche présenté par Saaten Union, les blés hybrides polyploïdes. Sachant que « les hybrides obtenus contiennent davantage d’ADN dans leurs cellules que les blés hybrides ou conventionnels actuels, la polyploïdie plus élevée ouvre des perspectives liées à une expression des gènes d’intérêt renforcée », assure Wolker Lein. Ainsi, un blé issu de cette technique présenterait « plus de biomasse, de rendement et plus de protéines, de surcroît de meilleure qualité ».
« Un développement inéluctable »
« À grande échelle, le dévelopement des blés hybrides est inéluctable », estime Guillaume de Castelbajac, directeur général de Saaten Union France et Saaten Union Recherche. Pour lui, la progression se fera « à mesure que la recherche sur les techniques d’hybridation avance ». « La difficulté va être de trouver des relais de production » car «la demande en blé hybride est pressante en France et ailleurs». En termes d’objectifs, Saaten Union entend « intensifier ses programmes cette année pour parvenir à 20.000 ha de multiplication en 2018, obtenir son premier hybride de nouvelle génération à l’horizon 2020/2025 et parvenir à atteindre une surface de 2 Mha de blés hybrides en France d’ici 2030 ».
Pour l’heure, le semencier vient d’investir dans de nouveaux locaux à Estrées-Saint-Denis (budget de la 1ère tranche : 1 M€) permettant de regrouper toute l’équipe de recherche en son sein, ainsi qu’à Pont-Roy sur la commune d’Agnetz (Oise) où ont été installés les services de productions de semences (1,5 M€). D’autres projets sont en préparation comme la construction d’une serre climatique pour produire deux générations par an.