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Oléagineux
Le marché moins inquiet pour le colza français après les pluies

Les parcelles de colza ne seraient pas dans un si mauvais état même si des craintes persistent, notamment dans le nord et l’est du pays.

Depuis plusieurs semaines, bon nombre d’opérateurs se rongent les sangs quant à l’état des cultures de colza en France, du fait du manque d’eau et des basses températures qui ont frappé le territoire. Heureusement, les récentes pluies ont apaisé les esprits. C’est notamment le cas dans le sud de l’Hexagone. « On avait peur de perdre 5 à 10 q/ha. Puis des pluies sont arrivées, d’autres devraient suivre et, finalement, les choses se sont remises en place », témoigne Jean Raimbault, ingénieur conseil chez Terres Inovia sur la zone Sud-Ouest. L’impression générale des experts contactés est que la situation s’est globalement améliorée en France depuis le mois d’avril, mais que rien n’est encore joué, dans le bon ou le mauvais sens. « Le colza est une plante résistante. Les craintes pourraient être dissipées dans la dernière ligne droite », indique Thibaut Ledermann, responsable des relations terrain au sein de la Fop. « Les situations les moins bonnes sont dans le Nord et l’Est. En revanche, les conditions sont plutôt correctes sur le reste du pays, même si, dans l’idéal, il faudrait plus d’eau », ajoute-t-il. Tout dépendra donc des futures conditions météorologiques, notamment la fréquence des pluies.

Des rendements stables à 35 q/ha dans le Centre ?

Dans le Sud-Ouest, le froid n’a guère impacté les cultures. Le manque d’eau était au centre des attentions, mais des pluies ont fait leur apparition. Jean Raimbault s’attend désormais à des rendements similaires à l’an dernier, si tout va bien, soit 28-30 q/ha. Dans l’Ouest (Bretagne, Pays de la Loire), « le potentiel est bon, malgré le gel qui a pu engendrer quelques pertes de siliques », explique Nina Rabourdin, en charge du secteur chez Terres Inovia. Dans la région Centre, « les parcelles de colza sont relativement belles », témoigne Julien Charbonnaud, ingénieur basé au bureau d’Olivet (Loiret) chez Terres Inovia. Les champs ont été irrégulièrement arrosés selon les secteurs, mais l’apport d’eau est propice à la bonne résistance des cultures, d’après lui. L’expert juge, pour le moment, que les rendements devraient être stables par rapport à l’an passé sur sa zone d’étude, soit 35 q/ha. Robert Hébinger, responsable de la zone Nord et Est chez Terres Inovia, est moins optimiste. « Le froid et le manque d’eau ont fait des dégâts. Il sera difficile d’atteindre les 30 q/ha » sur la zone de Dijon, notamment dans le nord de la Côte-d’Or, l’Yonne, la Nièvre…

Possible tension sur la soudure de campagne en colza

Le recul des surfaces de colza entre 2016 et 2017, signalé par Agreste dans son rapport du 9 mai, est confirmé par les experts contactés. La réduction des semis la plus marquée serait dans l’Est. « En Meurthe-et-Moselle, la baisse des emblavements atteindrait 50 à 60 % par rapport à l’an dernier », s’alarme Thibaut Ledermann. Dans le Centre, « les mauvaises conditions d’implantations ont engendré un retrait de 15 à 20 % des surfaces, et ont été remplacées par des céréales », analyse Julien Charbonnaud. En termes de prix, la situation sur juin-juillet sera à observer avec attention. « La situation pourrait être explosive en cette période de soudure de campagne. Les stocks sont faibles, des besoins seront à combler, alors que la moisson pourrait avoir une à trois semaines de retard. Des importations de colza, notamment ukrainien, sont à prévoir, mais le temps que la marchandise arrive en France, les usines auront besoin de tourner, générant une possible tension sur les cours », analyse Ahmed Ben Hassine, président fondateur de Comsolea.

Vers 60 % de tournesol standard et 40 % d’oléique ?

Concernant le tournesol, « les semis hexagonaux touchent à leur fin, et dans de bonnes conditions dans l’ensemble », estime Thibaut Ledermann. Alors que la sécheresse menaçait les cultures, les récentes précipitations ont là aussi fait du bien, signale l’expert. Ce que confirment les spécialistes de Terres Inovia dans leurs secteurs respectifs. Les conditions de levée seraient même légèrement meilleures que l’an dernier dans certaines régions, notamment du fait de dégâts d’oiseaux moindres qu’à l’ordinaire. « C’est difficilement explicable. Depuis deux ans, nous effectuons un travail de sensibilisation auprès des producteurs sur l’effarouchement. Cela commence peut-être à porter ses fruits », avance Jean Raimbault.

Les surfaces de tournesol devraient être stables entre 2016 et 2017. Quelque 60 % d’entre elles seraient de qualité standard et 40 % de qualité oléique, contre respectivement 70 % et 30 % l’an dernier, selon plusieurs analystes. « Dans le Centre, on serait plutôt à 50-50 % », estime Julien Charbonnaud. Ceci est à mettre sur le compte de la faible prime oléique actuelle. La baisse des surfaces oléiques aurait pu être plus marquée, « mais les producteurs avaient déjà commandé leurs semences quand les industriels leur ont demandé de moins semer », explique Ahmed Ben Hassine. En termes d’évolution de prix, ce dernier s’attend en 2017 à un profil de marché similaire à 2016. « Il ne devrait pas y avoir de grands bouleversements dans les prix de la graine de tournesol cette année. La hausse de l’huile d’olive offre une opportunité de report de la demande sur l’huile de tournesol, facteur de soutien aux prix de la graine. Ensuite, les stocks en Europe ne sont pas énormes. Mais ces éléments sont contrebalancés par la hausse des surfaces en Russie et en Ukraine. »

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