Le marché céréalier perd la boule !
BLÉ TENDRE : des opérateurs désorientés…
“Ça nous dépasse !” C’est ce qu’avouaient, en substance, avec un peu de résignation, quelques courtiers ce mercredi, tant l’évolution des cours des céréales prend des proportions encore rarement atteintes… Même si des volumes d’affaires ont été traités, on assiste plus à un marché spéculatif en portuaire, alors que les meuniers et fabricants d’aliments du bétail sont en retrait. La tendance est maintenant plutôt au blocage de l’activité commerciale, avec notamment des vendeurs qui se retirent et un marché qui reprend son souffle après l’explosion des cours. Une situation qui ne manquera pas d’être évoquée lors de la Bourse internationale de Paris ce vendredi 15 juin, où se réuniront pour la dernière fois de la campagne les principaux opérateurs de la filière. Une tendance provoquée par un contexte mondial très tendu, et toujours une situation préoccupante en mer Noire et en Roumanie. Les cours du blé poursuivaient d’ailleurs leur progression mardi à Chicago, alors qu’Euronext marquait le pas mercredi.
BLÉ DUR : fermeté
Progression des cours dans le sillage du blé tendre, mais avec un niveau d’affaires peu développé dans l’attente de la nouvelle récolte. On observe toujours une certaine inquiétude de la part des opérateurs en ce qui concerne les qualités dans le Sud-Ouest avec le nouvel épisode orageux de cette semaine…
ORGE DE MOUTURE : flambée
Explosion des prix en nouvelle récolte, suite au retour aux achats de l’Arabie Saoudite et à l’envolée des cours du blé tendre. Tout comme cette dernière céréale, la situation tend à se calmer en ce milieu de semaine.
ORGE DE BRASSERIE : fermeté en OBP
Activité commerciale très irrégulière, avec des cours qui se sont raffermis en orges de printemps. L’Esterel évolue peu.
MAÏS : grand calme
Peu d’intérêt pour ce produit affiché par les professionnels cette semaine. Ils sont plus attentifs à l’évolution du blé qui repasse nettement au-dessus des cours du maïs.
FRETS : évolution irrégulière
Les frets maritimes pour le transport des marchandises dites “sèches” (cf. p. 4) ont connu des évolutions contrastées. L’indice BDI (Baltic Dry Index) avait commencé la semaine en hausse, modestement, avant de s’orienter à la baisse. Le Baltic Panamax Index (BPI) a pour sa part, réussi à finir la semaine en hausse.
Grandes cultures : première estimation du rendement en orge d’hiver
Selon le Service central des Études et Enquêtes statistiques du Ministère de l’Agriculture, la première estimation du rendement d’orge d’hiver serait en hausse à 66 q/ha. Il dépasserait de 1 % le rendement moyen des cinq dernières années. Avec des surfaces également en progression, la production gagnerait 3 % pour atteindre 7,86 Mt, soit 9 % de plus que la moyenne quinquennale 2002-2006.
Estimée à 9,12 millions d’hectares, la sole de céréales gagnerait 66.000 ha par rapport à 2006. Les surfaces en blé tendre, évaluées à 4,87 Mha, seraient supérieures de 2 % à celles récoltées en 2006 et à la moyenne quinquennale. La sole de blé dur progresserait dans les mêmes proportions et dépasserait de 17 % la moyenne 2002-2006.
La sole d’orge gagnerait 1 % par rapport à 2006 et serait supérieure de 2 % à la moyenne quinquennale. La hausse concernerait l’orge d’hiver (+1 %) et l’orge de printemps (+2% après le repli de 10% enregistré en 2006).
Les surfaces de maïs grain sont estimées à 1,49 million d’hectares, en léger repli après les fortes baisses enregistrées en 2005 et 2006. Elles seraient ainsi inférieures de 12% aux valeurs quinquennales. Les superficies perdraient 2 % en Aquitaine et Midi-Pyrénées, deux premières régions productrices. La baisse serait plus marquée dans le Centre.
TOURTEAUX : fermeté en soja
La hausse des matières premières à Chicago et le recul de la récolte de soja nord-américaine ont fait grimper les cours des tourteaux de soja. Les ventes en France ont été peu volumineuses notamment après la hausse. Quelques échanges sont rapportés en tourteaux de colza et de tournesol sur des prix plus stables.
PROTÉAGINEUX : sans orientation
Sur la campagne actuelle, les affaires sont réduites partiquement à néant. Mais sur la prochaine campagne, rien n’est plus glorieux. Quelques prix sont indiqués ici très nominalement faute de transactions en pois standard. Les fab sont aux abonnés absents et les prix très élevés les dissuadent encore un peu plus d’acheter. Les vendeurs font de la rétention, prévoyant la chute de production. L’activité se concentre surtout sur le portuaire.
ISSUES DE MEUNERIE : haussier
C’est une hausse généralisée des cours qui s’est affichée cette semaine, dans le sillage des céréales, mais aussi parce que les acheteurs sont bien positionnés et qu’en face, les offres ne suffisent pas. Certains contrats auraient d’ailleurs été décalés, sinon annulés.
DÉSHYDRATÉS : peu d’affaires
En luzerne, les premières coupes sont achevées et le niveau de production est satisfaisant. L’activité est calme pour l’instant, les prix restent fermes. En pulpe, les prix demeurent élevés. Quelques reventes s’effectuent et des affaires se traitent sur la prochaine campagne, alors que les céréales deviennent très chères.
CO-PRODUITS : ferme en corps gras
Les marchés de la poudre de lait et du lactosérum sont particulièrement calmes cette semaine voire éteints. Aucune transaction en disponible n’est rapportée. Les cours sont donc reconduits et purement nominaux. En PSC, les prix se détendent un peu en citrus sur le spot, faute d’affaires. En corn gluten, difficile de trouver de la marchandise. En pailles et fourrages, les échanges sont réduits au minimum. Les yeux sont rivés sur la prochaine campagne. En corps gras animaux, les cours remontent, dans le sillage de la récente flambée des huiles.
PRODUITS DIVERS : stabilité, sinon hausse
En graines fourragères, la fin de campagne est bonne pour les vendeurs. Avec la fermeté des cours confirmée, leurs marges sont meilleures. En graineterie, le marché redevient nominal. Les vendeurs sont tellement abasourdis par la flambée des cours des céréales qu’ils préfèrent rester en marge du marché. Attentisme, en attendant d’avoir plus de recul pour analyser le marché. Pour le riz, le marché est ferme dans l’ensemble, avec de plus en plus de difficultés du côté de la Thaïlande dans l’option des containers et l’augmentation substantielle du fret depuis deux mois.En légumes secs, le marché se raffermit sur les pois chiches mais les qualités sont douteuses (piqués).
OLÉAGINEUX : les cours tendent à plafonner
Dopés depuis plusieurs semaines par l’extrême fermeté observée sur le marché des huiles, tiré vers le haut par la demande en biocarburants notamment, les cours des graines de colza et de tournesol semblent avoir atteint leur niveau plafond. Les cours ont donc progressé sur la semaine, mais le recul des huiles et du pétrole sur les marchés internationaux ont stopé ce mouvement.
Les échanges ont été limités, particulièrement en colza dont les disponibilités sont très réduites. Les opérateurs restent attentifs à la récolte à venir. La baisse du soja à Chicago suite à celle des huiles, ajoutée à la mauvaise forme de la filière biodiesel en Allemagne laisse présager une baisse des cours.
En tournesol, la hausse des prix n’a pas été accompagné d’affaires, malgré une bonne présence de la demande. Le manque d’offres limite en effet l’activité.