Perspectives
Le marché atomisé des coproduits alimentaires tend à se structurer
La prise de conscience de la valeur des coproduits par les industriels de l’agroalimentaire favorise le développement d’opérateurs spécialisés.
« L’ALIMENTATION ANIMALE a de tout temps et dès son origine valorisé les coproduits issus de la transformation des productions agricoles par l’agroalimentaire et l’agroindustrie, rappelle Stéphane Radet, directeur du Snia. Ils représentent 50 % des 21,3 Mt de matières premières que nous transformons annuellement en aliments pour animaux. » Reste que les coproduits issus de la 2e voire 3e transformation, ou coproduits alimentaires, ne représenteraient que 150.000 à 200.000 t en première approximation, selon les sources (cf. encadré). « Le métier de la valorisation des coproduits alimentaires en alimentation animale est bien développé dans les États-membres limitrophes de la France qui, elle, ne possède que quelque entreprises individuelles », indique François Quénéhervé, président de Trade Alliance/Arba/ Valma (cf. Trade Alliance multiplie les références).
Une dynamique se met en place...
« Courant 2011, avec le développement des analyses de cycle de vie (ACV), il y a eu une prise de conscience des industriels de l’agroalimentaire que leurs coproduits pouvaient avoir une seconde vie en raison de leur valeur nutritionnelle pour l’alimentation animale et qu’ils étaient pertinents pour l’ensemble de la chaîne économique, avec un sens écologique évident. Il faut rappeler que ces produits étaient auparavant détruits », explique François Quénéhervé. De plus, dans le cadre du Code de l’environnement, le décret 2011-828 du 11 juillet 2011 oblige depuis le 1er janvier 2012 les entreprises françaises, qui produisent plus de 120 tonnes de biodéchets par an, à les recycler. « Cette réglementation va les aider à franchir le pas, sur ce dossier jusque-là en devenir », espère Christian Roques, responsable Ventes Nutrition des produits finis d’Akiolis (cf. Apeval entend développer...). Ainsi de nouveaux opérateurs –collecteurs et transformateurs de coproduits alimentaires pour l’alimentation animale– émergent et ambitionnent de structurer un marché, pour l’heure, dispersé et de faible capacité industrielle.
... mais elle reste encore timide
« La Commission européenne a annoncé vouloir travailler sur le sujet des coproduits alimentaires et faire appel à l’Efsa pour qu’elle se prononce sur les conditions particulières qui doivent leur être appliquées pour une valorisation en alimentation animale », précise Stéphane Radet. De son côté, « l’Inra vient d’être saisie par les ministères de l’Agriculture et de l’Écologie sur la valorisation des déchets, via une Expertise scientifique collective (EsCo) qui sera rendue courant 2013 », souligne Jean-Louis Peyraud, adjoint au directeur scientifique Agriculture de l’Inra. « Cependant, elle ne concernera pas la valorisation de coproduits issus des industries agroalimentaires en alimentation animale », précise Philippe Chemineau, membre du collège de direction de l’Inra. Ce manque d’envergure est dommageable, car l’absence des coproduits alimentaires des “Tables nutritionnelles”, véritable bible pour la formulation en alimentation animale, pénalise leur incorporation.