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Le développement du bioéthanol passe à la vitesse supérieure

Quelques jours après le lancement de l’utilisation expérimentale de l’E85, le ministère de l’Économie met un coup d’accélérateur à la promotion du bioéthanol en France en instaurant le groupe de travail “ Flex-fuel 2010 ”

PERMETTRE aux Français de choisir leur carburant d’ici 2010. Telle est l’ambition du groupe de travail, mis en place le 6 juin par le ministre des Finances en présence du ministre de l’Agriculture, Dominique Bussereau. Celui-ci vise à faciliter le développement de la filière flex-fuel, et par là même le bioéthanol. Thierry Breton a confié au pilote automobile, Alain Prost, la coordination du projet. Le quadruple champion du monde de Formule 1 entend « donner un maximum de visibilité à cette nouvelle source énergétique ». Le 1 er juin, François Loos, ministre délégué à l’Industrie, lançait sur le site pilote de Châlons-en-Champagne la première utilisation expérimentale en France de l’E85, carburant alternatif composé à 85 % de bioéthanol et 15 % d’essence, qui permettra, selon lui, « d’économiser des gaz à effet de serre ». Pendant un an, le conseil général de la Marne va tester des Ford flex-fuel (fonctionnant avec des carburants contenant de 0 à 85 % d’éthanol).

Ne plus être otage de la pompe

Pétroliers, représentants du secteur automobile, de l’agriculture et associations de consommateurs prennent part, aux côtés des administrations, au groupe de travail “ Flex-fuel 2010 ”. Il dispose de trois mois pour échafauder un plan d’action « permettant que d’ici 2010, chaque Français » qui acquerra un véhicule à moteur flexible puisse faire le plein « sans contrainte », comme l’a résumé Thierry Breton. Pour le ministre, ce plan devrait également « accroître l’indépendance énergétique » du pays. De plus, l’afflux du bioéthanol est susceptible de « limiter à la hausse les prix des carburants fossiles ». Il a assuré que les constructeurs automobiles se sont engagés à mettre « très rapidement » sur le marché des véhicules flex-fuel et que les distributeurs de carburant « s’engageront sur une feuille de route ».

De la mise en place d’un réseau de distribution d’E85 suffisant dépendra en effet en grande partie le développement de la filière. Aujourd’hui, seuls des carburants contenant 5 % d’éthanol, la limite autorisée, sont disponibles dans les stations et ils ne représentent qu’une part minime du marché. En Suède, un des premiers pays européens à avoir commercialisé des flex-fuel, les autorités ont installé, sur la seule année 2005, 320 pompes d’E85. Et cette alternative a vite séduit les Suédois. Pour exemple, 80 % des ventes de Saab 9-5 portent sur la version biopower, au moteur flexible.

«Nous sommes absolument prêts» car « c’est nous qui mélangeons l’E85 et le fournissons », avait affirmé Edouard Leclerc, interrogé à Châlons lors du lancement de l’expérimentation. Celui-ci estime néanmoins que « tant que l’horizon ne sera pas clair sur le prix de ce carburant, les constructeurs ne vont pas s’y mettre massivement ». Et d’ajouter : «On verra si dans la loi de finances en novembre le gouvernement transforme cette expérience en une ligne fiscale claire. » Lors de l’installation de “ Flex-fuel 2010 ”, Thierry Breton a mentionné, par deux fois, la possibilité de « légiférer » si nécessaire.

Appel au protectionnisme

FNSEA, AGPB, AGPM, CGB et Fop se félicitent, dans un communiqué du 7 juin, que le gouvernement complète sa dynamique biocarburants par le développement de l’utilisation de l’E85, devenu légal après publication au JO. Elles réaffirment l’engagement de la profession agricole « prête à relever le défi de l’énergie verte sans porter atteinte aux volumes nécessaires aux besoins alimentaires, et s’engage à participer au groupe de travail flex-fuel 2010 ». Elles soulignent néanmoins « que ces efforts seraient vains sans une protection aux frontières suffisamment efficace pour prémunir l’UE des importations massives d’éthanol, en particulier du Brésil ». Elles insistent également sur le nécessaire « maintien d’une fiscalité adaptée » qui « reste une condition majeure du développement des biocarburants en France. Il serait dommage que les potentialités de la France et de l’UE en matière d’énergie verte ne se concrétisent pas au moment ou les défis de notre indépendance énergétique deviennent prioritaires. » Une position reprise par l’Adeca, dans un communiqué du 8 juin, et la Coordination rurale. Celle-ci remet par ailleurs en cause, dans son communiqué du 2 juin, l’intérêt du développement de ce carburant, affirmant que «la pertinence du flex-fuel suppose d’importer de l’éthanol depuis les pays producteurs de canne » qui proposent un produit bien plus compétitif.

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