Ingrédients / Meunerie
“L’Asie demande une implantation musclée”
La Dépêche - Le Petit Meunier : Eurogerm a signé le vendredi 18 juin 2010 un protocole d’alliance avec le groupe Nisshin Seifun, leader de la meunerie au Japon et spécialiste des marchés d’Asie de l’Est. Pourquoi ce rapprochement?
Serge Momus : Nous partons de zéro sur le marché asiatique. Nous n’avions pas le bon partenaire. L’Asie est un marché difficile en termes commercial, administratif et concurrentiel. Il demande une implantation musclée, et donc de bons partenaires. Ce que nous avons désormais avec Nisshin Seifun, qui est le premier groupe meunier japonais. Il détient 45 % du marché de ce pays. Une des filiales de ce groupe, Oriental Yeast Corporation, fournit des levures de boulangerie. Le but de notre association est de proposer en compléments des améliorants en boulangerie.
Nisshin Seifun couvre essentiellement le Japon. Depuis quatre ans, le groupe possède une filiale en Chine avec un laboratoire de panification sur place, ce qui leur confère également une bonne connaissance du marché chinois. Ils possèdent d’autre part des bureaux commerciaux et une usine en Thaïlande, ainsi qu’un bureau commercial au Vietnam. Les avantages de notre alliance sont réciproques. Nous fournissons la technologie et le savoir-faire dans le domaine des améliorants. Ils nous introduisent chez le client, et nous procurent leur connaissance des pays et des besoins, ainsi que la structure industrielle. Car nous allons utiliser les infrastructures déjà en place.
La Dépêche - Le Petit Meunier : Quelles sont les particularités de ce marché ?
Serge Momus : La demande est très diverse selon les pays. Le Japon est un marché très mature. Avec un goût pour les produits très french touch : baguettes de tradition française, pains avec longue fermentation, avec du goût, des arômes, des couleurs… Les aspects bio et nutritionnel sont également très recherchés. Il s’agit d’un marché de niche à forte valeur ajoutée. Le marché chinois se trouve lui en phase de démarrage, en croissance. Les Chinois vont être acheteurs de produits classiques du type pain de mie, pain au lait, buns… Des pains plutôt américains ou anglais. Nisshin Seifun a réalisé le travail de marketing, et peut nous informer sur les goûts et habitudes de leurs clients. Par exemple, sur les aspects plus ou moins sucré, plus ou moins goût “de beurre”...
La Dépêche - Le Petit Meunier : Quels sont vos objectifs et perspectives sur ce marché ?
Serge Momus : Nous visons 5 M€ de chiffre d’affaires dans cette région d’ici trois ans. Nous savons que le potentiel est très important, les marchés chinois et japonais étant géants ! La Chine produit environ 100 Mt de blé par an, mais la consommation de pain est encore très minoritaire. Sur les 100 Mt, la panification représente
3 à 5 %, les nouilles chinoises et les pains vapeur représentant la majorité du marché. De 3 Mt à 5 Mt, c’est tout de même la taille du marché français.
Seul frein éventuel : le temps. 90 % de nos produits sont réalisés sur-mesure. Les temps d’application, temps de développement et ensuite d’acceptation par le marché, peuvent être longs.