Lait : un accord qui ne satisfait personne
La signature de l’accord laitier intervenue au Space à Rennes confirme une nouvelle baisse des prix aux producteurs.
Les représentants de la filière laitière française sont enfin parvenus à signer un accord sur les prix du lait en fin de matinée du 13 septembre, en marge du salon de l’élevage à Rennes. Après plusieurs semaines de grogne et d’actions des producteurs laitiers français, le ministère de l’Agriculture avait manifesté son désir qu’un compromis soit trouver pour éviter tout débordement lors du Space. Si Dominique Bussereau s’est «félicité» de cet aboutissement, l’ensemble de la profession reste réservé sur cet accord souvent qualifié de «politique» qui reste avant tout un compromis.
Ce que prévoit l’accord
Selon l’accord signé dans les murs du ministère de l’Agriculture par la FNPL (Fédération nationale des producteurs de lait, affiliée à la FNSEA), la FNCL (Fédération nationale des coopératives laitières) et la Fnil (Fédération nationale des industries laitières) : «Les livraisons de lait seront réglées sur la base de - 6,5 euros les 1000 litres pour le mois de septembre et de -8,8 euros/1000 l pour les mois d’octobre, novembre et décembre.» Les entreprises dont la part des produits industriels dans le mix produit est comprise entre 25 % et 30 % pourront procéder à un ajustement à hauteur de -1,8 euro/1000 l. Entre 30 et 35 %, l’ajustement sera de -3,4 euros/ 1000 l et passera à -5,3 euros/1000 l pour celle dont la part est comprise entre 35 et 45 %. L’accord stipule qu’il «sera mis à profit pour ouvrir sans délai la réflexion sur un nouvel équilibre de la filière résultant de la mise en œuvre de la réforme de l’OCM lait». Ainsi, les trois fédérations se donnent quatre mois (jusqu’au 31 décembre 2005) pour «aboutir à des propositions concrètes d’organisation et de gestion».
Insatisfaction générale de la filière
Lors de la journée d’inauguration du Space à Rennes, l’exaspération des producteurs de lait était plus que palpable, les stands des laiteries en portant les griefs. Et si l’accord avait pour but de désamorcer la crise, il est finalement loin de satisfaire la profession. «Chacun a dû faire des concessions, c’est un accord de raison», reconnaît Henri Brichard, président de la FNPL. Du côté de l’industrie, les objectifs n’ont pas été atteints. «Nous visions -9 euros/1000 l sur les quatre derniers mois» regrette Sophie Grégoire de l’association de la transformation laitière. Mais les plus déçus restent les producteurs.
La Confédération paysanne, qui s’est invitée à une conférence jeudi dernier au Space, a dénoncé «le nouvel accord, faisant du 13 septembre une journée noire pour les producteurs de lait». Gérard Durand, porte parole de la Conf’, déplore «qu’une fois encore, les paysans soient la variable d’ajustement de la filière lait». Il proteste aussi contre le défaut de représentativité de la FNPL qui a signé l’accord : «La Conf’ ne participe pas aux débats alors qu’elle est le deuxième syndicat de producteurs agricoles.» Même discours du côté de l’Organisation des producteurs de lait (Coordination rurale) qui réclame «son entrée immédiate au sein du Cniel», jugeant le compromis «d’accord de dupe».