Marché
La suppression des droits de douane au Brésil sur les importations de grains hors Mercosur ne profiterait guère aux origines états-uniennes
Le gouvernement brésilien a souhaité répondre à une demande de ses éleveurs, se plaignant de prix intérieurs des grains trop élevés.
Le gouvernement brésilien a souhaité répondre à une demande de ses éleveurs, se plaignant de prix intérieurs des grains trop élevés.
Les services du département états-unien à l’Agriculture (USDA) basés à Brasilia estiment, dans un rapport publié le 19 octobre, que les Etats-Unis ne devraient guère profiter de la récente décision du gouvernement brésilien de supprimer les droits de douane sur les importations de graines en provenant de pays hors Mercosur, de tourteaux et d’huile de soja, ainsi que de maïs. Les prix ne seraient pas assez attractifs pour les industriels brésiliens, mais le rapport évoque aussi des raisons réglementaires et logistiques.
Rappelons que la décision des autorités brésiliennes avait été prise mi-octobre. Elle faisait suite à une demande de l’industrie de l’élevage brésilien, qui jugeait les prix intérieurs des grains (maïs, soja) et de leurs coproduits trop onéreux, et qu’un renforcement de la concurrence internationale s’avérait nécessaire pour pallier ce problème. Il s’agit également, de manière plus générale pour le gouvernement brésilien, de lutter contre l’inflation intérieure des prix des produits alimentaires.
Résultat, les droits de douane, qui s’élevaient à 8 % sur les importations hors Mercosur de graines de soja et de maïs, à 6 % pour le tourteau de soja et à 10 % pour l’huile de soja, sont désormais réduites à 0 %. Et ce, jusqu’au 15 janvier 2021 pour le soja et ses coproduits, et jusqu’au 31 mars 2021 pour le maïs.
Les éleveurs brésiliens espéraient donc voir une concurrence acharnée entre l’origine locale/brésilienne et les origines états-uniennes. Mais il s’agit d’un espoir assez mince pour l’USDA. L’écart de prix est certes important entre la graine de soja états-unienne et brésilienne au départ des ports, mais les marchandises brésiliennes destinées à l’alimentation des usines locales restent compétitives, selon lui.
Lourdeurs administratives en vue
Ensuite, l’USDA explique « que selon les données du Service international pour l'acquisition d'applications agro-biotechnologiques (ISAAA), il existe au moins neuf variétés biotechnologiques de maïs et de soja approuvées pour la culture aux États-Unis, mais qui ne le sont actuellement pas au Brésil. Étant donné que les céréales ne sont pas triées par variétés avant l'exportation, tout importateur brésilien potentiel devra soumettre une demande d'approbation spéciale à la Commission technique nationale de la biosécurité (CTNBio). Il n'y a que deux réunions du CTNBio prévues pour le reste de 2020, et chaque demande, si elle est soumise, devra être examinée au cas par cas », engendrant donc des lourdeurs administratives.
Des ports brésiliens peu adaptés à l’importation de graines
Dernier argument avancé par l’USDA : les terminaux portuaires brésiliens sont essentiellement conçus pour l’exportation de grains, et non l’importation. Si les Brésiliens veulent importer des grains depuis les Etats-Unis, ils devront se réorganiser drastiquement, réorganisation coûteuse en temps et en argent.