La Russie acte ses freins à l'exportation de blé
Les autorités russes ont publié le décret d'application d'une taxe sur les exportations de blé. Elle s'appliquera de début février à la fin juin.
Après des semaines de faux-semblants, de mesures déguisées, qui ont maintenu le marché mondial du blé sous tension, la Russie avait annoncé, le 21 décembre, la mise en place de taxes à l'exportation. Une mesure visant à freiner l'inflation des prix sur son marché domestique, face à la chute du rouble. Les autorités russes ont publié le décret instaurant des barrières douanières d'au moins 35 €/t. Elle n'entrera en vigueur que le 1er février et s'appliquera jusqu'au 30 juin.
Priorité aux valorisations intérieures
La priorité doit être donnée à l'approvisionnement des fabricants d'aliments du bétail locaux, plutôt qu'à l'export, a insisté le ministre en charge du secteur, Vladimir Labinov, le 26 décembre. L'exportation ne doit porter que sur les excédents disponibles et n'est pas un objectif en“ soi, a-t-il insisté. Cette taxe, « assez élevée », selon le président de l'Union russe des grains, Arkady Zlochevskiy, devrait freiner les exportations de blés, devenant moins compétitifs à l'international. À la clef : une détente attendue des cours du blé sur son marché intérieur de 15 % environ, estimait-il encore. Et de souligner que les exportations avaient déjà ralenti, ne serait-ce que par la pression administrative. Le stock de fin de campagne devrait, lui, doubler. Il pourrait atteindre les 10-11 Mt, selon les estimations de l'agence d'information APK.
Les cours du blé sur le marché intérieur russe devraient reculer de 15 %.
Un boulevard pour les blés européens
Cette décision laissera encore plus de place aux blés européens sur l'échiquier mondial, alors que ceux-ci y sont déjà favorisés par la faiblesse de la monnaie unique. L'euro est en effet tombé à des niveaux qui n'avaient plus été enregistrés depuis 2006. Cela pourrait donc bien alléger le bilan céréalier français.
Faut-il aussi craindre un alourdissement du stock russe, avec un effet baissier pour le marché mondial à plus long terme ? Les industriels locaux devraient consommer une large part des volumes qui auront été maintenus sur le marché intérieur. ” Par ailleurs, gonfler les réserves russes semble aussi une assurance, bienvenue face aux risques de pertes de récolte. Comme aux États-Unis, le froid en Russie menace les cultures, avec une couverture neigeuse insuffisante. En attendant, les pays importateurs, craignant sans doute une nouvelle tension des prix après le 1er février, semblent accélérer leurs couvertures (cf. p. 8).