Aller au contenu principal

Marché international des grains
La remise en cause des exportations ukrainiennes par Vladimir Poutine dope les prix du blé et du maïs

Le Président russe, Vladimir Poutine a laissé entendre le 7 septembre que les conditions des accords du 24 juillet sur la sécurisation des exportations de produits ukrainiens via la mer Noire n'étaient pas respectées.

Port ukrainien en eaux profondes d Odessa, avant le conflit engagé par la Russie.
© Maksym Kharchenko - Ukragroconsult

Les cours du blé tendre ont nettement progressé sur les marchés à terme de Chicago et de Paris, suite aux propos de Vladimir Poutine dénonçant les conditions dans lesquelles s’appliquent les accords signés le 24 juillet entre l’Ukraine, la Russie, la Turquie et les Nations Unies. Des propos tenus le 7 septembre à l’occasion d’un forum économique à Vladivostok (Russie). Le maïs a lui aussi affiché une hausse de ses cours mais seulement sur le marché Euronext pour le moment.

Le président russe affirme que les céréales ukrainiennes ont été majoritairement vers les pays européens et non vers les pays pauvres, entraînant celui lui un risque de « catastrophe humanitaire ». « Presque toutes les céréales exportées d'Ukraine sont envoyées non pas aux pays en développement et aux pays les plus pauvres, mais aux pays de l'Union européenne », a assuré Vladimir Poutine.

Au regard des chiffres communiqués à l’Agence France Presse par le Centre de coordination conjointe d’Istanbul, 36% des expéditions de céréales ukrainiennes au départ de la mer Noire depuis la signature des accords du 24 juillet ont été vendues à des pays de l’Union européenne.

Le président russe a ainsi remis en question les termes de ces accords : « Ce que nous observons est une tromperie (...), une attitude grossière et imprudente envers ces partenaires pour qui tout cela était censé être fait », a-t-il déclaré devant des responsables économiques et politiques asiatiques. Et d’enfoncer le clou : « Peut-être devrions-nous réfléchir à la façon de limiter les exportations de céréales et d'autres produits alimentaires par cette voie ? », a-t-il ajouté selon l’AFP. « Je vais consulter le président turc (Recep Tayyip) Erdogan », a-t-il conclu.

Dans le détail, toujours selon les informations fournies à l’AFP par le Centre de coordination, 100 bateaux ont quitté les ports ukrainiens d'Odessa, de Tchornomorsk et de Pivdenny depuis début août, transportant à leur bord 2,334310 Mt de céréales et autres produits agricoles avec pour destinations : la Turquie (20%) dont une partie réexportée vers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (selon certains analystes), l'Espagne (15%), l'Egypte (10%), la Chine (7%) et l'Italie (7%). Les pays européens représenteraient 36% du total et les pays africains 17%. « 30% des cargos sont allés vers des pays à faibles revenus ou à revenus intermédiaires inférieurs », a précisé le Centre de coordination. 

Spéculation excessive ?

Suite à cette remise en cause des accords du 24 juillet permettant un retour des exportations de produits agricoles ukrainiens sur la mer Noire, les cours du blé et dans une moindre mesure du maïs (seulement sur Euronext, les contrats affichant un retrait à Chicago le 7 septembre au soir) ont gagné entre 8 et 10 euros la tonne sur leurs premières échéances.

Il est encore un peu tôt pour connaître l’impact réel des déclarations de Vladimir Poutine. Un ralentissement ou la fin des expéditions de denrées ukrainiennes sur la mer Noire devrait logiquement tendre le marché, mais certains courtiers français ont jugé la hausse excessive à ce stade. L’Union européenne pourrait se tourner vers d’autres origines pour le blé tendre comme la France ou les Etats-Unis si besoin. Certains clients traditionnels pour le blé hexagonal pourraient en revanche se tourner davantage vers l’origine mer Noire, notamment le Maghreb et l’Afrique subsaharienne.
Concernant le maïs, l’UE amatrice de productions ukrainiennes pourrait de son côté privilégier le maïs français, notamment l’Espagne ou l’Italie.

Les plus lus

Moisson 2024 - Première prévision de rendement de blé tendre par Arvalis et Intercéréales

La campagne culturale 2023-2024 (campagne commerciale 2024-2025) française s'est avérée exceptionnellement pluvieuse,…

Moisson 2024 : la récolte de blé tendre attendue sous les 30 Mt pour la troisième fois en vingt ans

Les services statistiques du ministère de l'Agriculture (Agreste) tablent sur une production française 2024 d'orge à 1,29 Mt,…

Panel de la table ronde de la convention de l'ANMF - Etienne Maillard, Martin Bindenwald, Francesco Vacondio, Pierre Garcia Bencque et Guy De Mol
Les marges de la meunerie peinent à se rétablir en 2023

La meunerie française avait déjà subi deux années de marges faibles en 2021 et 2022. En 2023, la situation reste préoccupante…

Moisson 2024 : le rendement en blé tendre français serait-il surévalué par la Commission européenne ?

L’observatoire des cultures européennes, Mars, alerte sur l’excès d’eau en Europe de l’Ouest qui joue sur les rendements et…

Moisson 2024 : le point sur la qualité et les rendements en blé tendre et orge par région

Les diverses sources privées contactées par la rédaction de La Dépêche Le petit meunier rapportent en blé tendre et en orge,…

Récolte de blé tendre particulièrement précoce, avec du blé Cesario
Moisson 2024 - La faible récolte céréalière française se traduit par un recul prévisionnel des exportations en 2024-2025

Pour FranceAgriMer, le niveau de la récolte de blé tel que publié par Agreste à 29,7 Mt est surestimé par rapport aux attentes…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 352€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne