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Guerre en Ukraine : le conflit armé russo-ukrainien crée de l’incertitude à propos de la croissance économique en France

Intitulée « La croissance et l’inflation à l’épreuve des incertitudes géopolitiques », la nouvelle note de conjoncture de l’Insee fait le point sur la situation de l’économie de la France.

© Nattanan Kanchanaprat / Pixabay

Au premier trimestre 2022, la prévision de variation de l’activité économique de la branche « Agriculture, sylviculture et pêche » est vue à +0,5 % par rapport au dernier trimestre 2021, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), dans sa note de conjoncture publiée le 16 mars 2022. C’est une évolution identique à celle du quatrième trimestre 2021, après +0,3 % au troisième. En ce qui concerne le secteur de la fabrication de denrées alimentaires, de boissons et de produits à base de tabac de la branche « Industrie », la prévision ressort à 0 % pour les trois premiers mois de l’année, après respectivement +2,2 % et -0,5 % pour chacun des deux trimestres précédents.

Si l’on rapporte cette activité à celle d’avant crise, l’écart de la prévision de croissance de l’activité « Agriculture, sylviculture et pêche » de ce premier trimestre 2022 s’affiche à +0,9 % comparé à la période octobre-décembre 2019, dernier trimestre d’avant la crise Covid-19 (en très nette amélioration après +0,4 % et -0,1 % respectivement pour les 4e et 3e trimestres de 2021). Pour le secteur de la fabrication de denrées alimentaires, de boissons et de produits à base de tabac de la branche « Industrie », l’écart est de +3,2 % (identique à celui du quatrième trimestre 2021, à comparer au +1,1 % du troisième).

De façon plus globale, le PIB de la France serait en hausse de +0,3 % pour ce premier trimestre 2022 (inchangé par rapport à la précédente parution), après +0,7 % au trimestre précédent, « malgré une consommation en retrait », d’après les spécialistes de l’Insee. Le gain de croissance pour 2022 s’élève à +2,7 % à l’issue des trois premiers mois de l’année.
 

Attention à l’inflation

« L’inflation pourrait dépasser 4 % sur un an en mars, avec une hypothèse du prix du baril de pétrole Brent à 125 $ et une parité euro-dollar à 1,09 €/$. Sans le bouclier tarifaire, elle aurait atteint 5 % en février (contre 3,6 % observé).  Au cours du 2e trimestre 2022, l’inflation pourrait atteindre autour de 4,5 % sur un an », ont précisé par ailleurs les analystes de l’Insee.

Il faut noter que la guerre entre la Russie et l’Ukraine apparaît « dans le contexte d’une reprise économique mondiale dynamique, avec des tensions sur les prix. Cette guerre attise ces tensions inflationnistes déjà existantes, à court terme, et c’est d’abord des cours mondiaux et des chocs sur les prix de l’énergie », résumait Julien Pouget, chef du département de la conjoncture de l’Insee lors de sa présentation. En fait, avec la problématique énergétique issue du conflit russo-ukrainien, la moitié de la progression de l’inflation générale en France vient de la hausse des coûts de l’énergie.

Mais il n’y a pas que la guerre qui pèse sur l’inflation, aujourd’hui et demain. « En avril, l’inflation serait également tirée à la hausse par les produits alimentaires, avec la mise en œuvre des négociations commerciales entre les producteurs et la grande distribution, encadrées par la loi Egalim 2 », peut-on lire dans la note de conjoncture.

Cependant, la France n’est pas le pays qui s’en tire le plus mal en termes d’inflation sur les produits alimentaires. L’Insee a réalisé une enquête sur ce sujet parmi les trois autres grandes économies de la zone euro (Allemagne, Italie et Espagne). « En France, l’inflation s’est à ce stade un peu moins propagée aux produits alimentaires qu’en Allemagne, en Italie ou en Espagne. En Allemagne, en Espagne et en Italie, les prix de l’alimentation sont dynamiques sur un an en janvier 2022 (respectivement + 4,3 %, + 4,5 % et + 3,5 % en glissement annuel). En France, les évolutions des prix sont plus contenues en janvier (+ 1,5 % pour l’alimentation) » peut-on lire dans le document.
 

Diffusion différée de l'inflation aux prix à la consommation pour les matières premières agricoles

De plus, l’Insee rappelle, dans cette note, le poids de certaines matières premières agricoles au niveau de l’alimentation mondiale et la part des deux pays en guerre dans leur commerce mondial. « Du côté des matières premières agricoles, le prix du blé est notamment en forte hausse depuis fin février, la Russie et l’Ukraine représentant 25 % des exportations mondiales. Les craintes d’une pénurie pèsent sur de nombreux pays, notamment d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, très dépendants de ces productions fondamentales pour leur alimentation. Le maïs, dont l’Ukraine est le quatrième exportateur mondial, et surtout l’huile de tournesol, pour laquelle les deux pays représentent 70 % des exportations, sont aussi sous forte tension sur les marchés. »

Enfin, Julien Pouget et Olivier Simon, chef de la division Synthèse conjoncturelle, précise par ailleurs que « la transmission des cours des matières premières agricoles aux prix de consommation n’étant pas instantanée (à l’inverse des carburants avec le prix du pétrole), les fortes hausses des cours des céréales qu’on a connues depuis le déclenchement de la guerre n’auraient qu’un impact très limité sur l’inflation de mars. Cela pourrait en revanche être le cas sur l’inflation de la fin du deuxième trimestre. De manière plus générale, pour les cours de matières premières hors pétrole, nous prolongeons par hypothèse la dernière moyenne mensuelle connue. Pour cet exercice de prévision, c’est donc le cours moyen du mois de février qui est intégré ».

Ce niveau d’inflation élevé pourrait aussi peser sur la consommation des ménages, déjà mise sous pression par les incertitudes liées à la guerre. De plus, les banques centrales des différents pays (en Europe et outre-Atlantique en particulier) n’apprécient guère des taux d’inflation qui dépassent de façon prolongée la barre des +2 %. Et autant elles ont fait preuve de compréhension, poussées par leurs gouvernements respectifs, avec la crise de la Covid-19, autant elles commencent à mettre en place des dispositifs permettant de maîtriser les hausses des prix.

 

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