États généraux de l'alimentation
La filière alimentaire, unie, défend ses intérêts
Les États généraux de l’alimentation auraient-ils atteint l’un de leurs objectifs – réconcilier les acteurs de l’alimentaire – avant même d’avoir commencé ? C’est ce que pourrait laisser croire un rapport cosigné par la FNSEA, les transformateurs et la distribution.
Alors que les conflits sont légion entre les maillons de la filière alimentaire, l’Ania (industrie agroalimentaire), Coop de France, la FCD (commerce et distribution), la Feef (entreprises), la FNSEA et l’Ilec (Institut de liaisons et d’études des industries de consommation) ont publié le 20 juillet un « diagnostic » commun de la filière alimentaire. Et le constat dressé est limpide : tous les acteurs de l’alimentation, de l’agriculteur à l’enseigne de grande distribution en passant par l’industriel, sont en difficulté. Tandis que le grand gagnant est le consommateur.
Une filière stratégique pour la France
Premier constat : la filière alimentaire représente un atout pour l’économie française, affirment les cosignataires du rapport. Elle représente 835 000 entreprises, 650 Md€ de chiffre d’affaires, 10,4 Md€ d’excédent commercial et 3,4 millions d’emplois. L’agriculture et l’agroalimentaire contribuent « à la vitalité des territoires », à travers leurs exploitations agricoles (460 000), coopératives (2 600), entreprises agroalimentaires (17 650) et commerces alimentaires (41 000). Pourtant, la filière alimentaire est malmenée, notent les organisations. « Les signaux d’alerte sont d’ordre économique », affirment-elles, déplorant une dégradation de la balance commerciale et une santé financière des entreprises défaillante.
Des difficultés économiques pour tous
« La quasi-totalité des secteurs agricoles est concernée par l’impossibilité, pour les producteurs, de couvrir leurs coûts de production par les prix de marché ». Mais, selon le rapport, l’industrie alimentaire n’y est pour rien. Car elle aussi « connaît une diminution importante de ses marges depuis 2008 ». Elles « ont grimpé de 16 % entre 2012 et 2015 par rapport aux 4 années précédentes ». Qu’en est-il de la grande distribution ? « Les marges de la grande distribution sont également structurellement faibles », affirme le rapport. Ainsi, la filière alimentaire souffre : « Aucun maillon n’y échappe », écrivent les acteurs de concert.
Le consommateur gagnant
Qui est responsable ? La filière alimentaire pointe du doigt les pouvoirs publics qui ont choisi le camp des consommateurs. « Durant les années 2000, plusieurs réformes successives […] ont eu en ligne de mire le pouvoir d’achat du consommateur. De ce point de vue, ces réformes ont réussi », soulignent les organisations. Ainsi, les produits de grande consommation dans la grande distribution ont enregistré une déflation de 2,5 % entre 2014 et 2016, indique le rapport. Cette baisse est « destructrice de valeur à court terme pour tous les acteurs à l’exception du consommateur final ».
Alors que les États généraux de l’alimentation ont pour ambition d’ouvrir le dialogue entre des acteurs historiquement en conflit – agriculteurs, industriels, distributeurs –, ces derniers s’affichent dès l’ouverture unis. Cette position commune permet à la filière alimentaire de rappeler aux consommateurs, aux associations et ONG qu’elle est en souffrance alors qu’elle répond, de plus en plus, aux attentes sociétales. Elle propose des produits sous signes officiels de qualité, bio, issus du commerce équitable, locaux et régionaux, distribués via des circuits de commercialisation différents… « Les progrès des acteurs de la filière alimentaire pour adapter l’offre à la demande des consommateurs sur les différents marchés sont déjà largement à l’œuvre », affirme le rapport.
La filière alimentaire souffre : « Aucun maillon n’y échappe », affirment agriculteurs, industriels et distributeurs