Senalia
La campagne 2009/2010 s’annonce difficile
Après d’excellents résultats 2008/2009, l’engorgement actuel des silos préoccupe
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“ LA CAMPAGNE 2008/2009 a été bonne pour Senalia, après trois années difficiles ” se sont félicités ses représentants, à l’issue de l’AG du groupe coopératif le 8 janvier. Les niveaux atteints ont même été historiques, avec 7,5 Mt d’activité, en progression de 40 %. Notamment grâce à des sorties de céréales qui ont retrouvé un niveau normal, à 4,3 Mt, après trois campagnes difficiles, à moins de 3 Mt. Par rapport à 2007/2008, l’activité blé a doublé, celle en orge s’est bien renforcée, notamment grâce aux chargements d’orge de brasserie qui ont triplé en trois ans. 2008/2009 a également été marquée par la progression de la part de marché de l’entreprise sur le port de Rouen. Senalia possède ainsi 50,72 % en blé, 77 % en orge, 58 % en oléopro, et 55 % sur le total céréales/oléoprotéagineux contre 53 % en 07/08. La campagne 2009/2010 laisse en revanche planer plus de doutes.
Engorgement
“ La campagne actuelle s’annonce bien plus difficile ” annonce Gilles Kindelberger, directeur opérationnel Senalia. “ Les sorties tardives des silos en juin ont bloqué l’activité. Si l’on ajoute à cela la moisson abondante, des retards dans l’arrivée des navires, ainsi que l’ouverture tardive de lettres de crédit, on obtient les difficultés actuelles, dont l’engorgement dans les silos ”. Surtout que le marché à l’export n’est pas celui de la campagne 2008/2009. “ Nous n’avons pas assez de demandes d’achats ” s’alarme Gilles Kindelberger. Les acheteurs viennent au coup par coup, comme l’Algérie par exemple. Si l’Egypte a été plus présente pour le moment (1,29Mt chargés depuis juillet, contre 820.000t chargés sur 2007/2008) , “ les dernières décisions vont exclure de façon durable la France ” rappelle Gilles Kindelberger (voir "Visite de travail des importateurs égyptiens en France"). Le non-marché actuel de l’orge fourragère n’arrange pas non plus les choses. “ Le tout forme un cocktail détonnant ! ” s’inquiète Gilles Kindelberger, qui appelle à une mobilisation d’urgence de la filière. “ Le stockage dans les silos portuaires n’est pas la solution ” a-t-il insisté. Pour le moment, l’entreprise a chargé 1,7Mt de céréales contre 2Mt lors du 1er trimestre de la campagne 2008/2009. “ 2,5Mt doivent être chargées d’ici juin si nous voulons être à l’équilibre, mais cela ne suffira pas à passer le report ”, previent Gilles Kindelberger.
Travailler sur la qualité
“ Dans ce contexte de prix bas avec une forte concurrence, la qualité est notre seule alliée ” assure Gilles Kindelberger. Et selon André Laude, d.g. de Senalia, la propreté des blés est l’un des principaux handicaps à l’exportation par rapport à la plupart des autres origines. Sans parler des problèmes environnementaux posés par le rejet de poussière pendant le chargement. Le nettoyage et le dépoussièrage doivent ainsi être systématiques avant le stockage. Autre point à confirmer, les activités de diversification, qui progressent d’année en année. Elles ont l’avantage d’être complémentaires et non concurrentes de l’exportation. Ainsi dans le secteur oléagineux, la montée en puissance de la trituration (cf. graph) permet la progression des débouchés alimentaires et non alimentaires. De même, la production d’éthanol a désormais pris son rythme de croisière. L’usine Téréos tourne à 85-90 %. 576.000 t ont été produites sur la campagne 08/09. “ Un débouché qui arrive à point nommé ” précise Gilles Kindelberger. Les blés fourragers ou de moindre qualité, mais avec un bon taux de protéines, conviennent parfaitement à cette transformation selon Jean-Jacques Vorimore, président de Senalia Union. L’orge fourragère devrait même trouver un nouveau débouché dans la filière éthanol. Quand aux drêches, 171.000 t sur cette même campagne, elles trouvent facilement preneur, en France ou en Angleterre principalement.