KWS
Le semencier allemand recherche de nouveaux maïs énergétiques destinés au biogaz
STRATÉGIE. À l’occasion de son 150e anniversaire et de l’inauguration le 22 juin de son nouveau siège social à Champhol (Eure-et-Loir), la société KWS, troisième semencier européen a annoncé, dans le cadre d’un forum sur l’avenir des bioénergies, qu’elle mettait au point des variétés de maïs riches en matière sèche, dont la récolte est destinée à être méthanisée pour produire du biogaz.
Un doublement du potentiel de biomasse
Le semencier allemand prévoit, dans sept ans, de mettre sur le marché des maïs dont le rendement plante entière actuellement de 15/18 tonnes de matière sèche à l’hectare passerait à 30 t MS/ha, ce qui correspond à un rendement méthane de 10.000 m 3 ou à un équivalent de 10.000 litres de fuel. Ce doublement du potentiel de biomasse, et par là-même du méthane de ces maïs énergétiques issus de la génétique KWS, accroîtra de façon importante la rentabilité de la culture de plantes énergétiques et devrait rendre la bioénergie meilleur marché et concurrentielle de l’énergie fossile, indique le communiqué.
Les dirigeants de KWS, comme les nombreux experts réunis à cette occasion et notamment Ghislain Gosse, président de l’Inra Lille, ont souligné que la culture et la sélection de plantes énergétiques ne doivent pas seulement conduire à plus de rentabilité dans la filière agricole mais également à plus de prise en compte des aspects environnementaux. Et il apparaît que les maïs énergétiques peuvent se développer dans des zones à pluviométrie moyenne.
Christine Lévêque, du Groupe Suez, a déclaré de son côté que sa société s’intéresse vivement aux bioénergies : « Nous voulons rester un producteur d’énergie à faible densité de carbone », a-t-elle déclaré et « les capacités du Groupe Suez pour la production d’énergie renouvelable représentent une puissance de 23 milliards de kilowatts ».
Si les projets de fabrication de biogaz sont rentables et les risques maîtrisés, le Groupe Suez s’est déclaré prêt à développer des centrales de cogénération de maïs.
Biogaz, un marché prometteur
Ce nouveau marché semble en effet très prometteur compte tenu de l’augmentation de la consommation d’énergie et de la raréfaction des énergies fossiles. Outre le développement déjà bien avancé des biocarburants, les pouvoirs publics français ont engagé une réflexion sur le développement des biocombustibles, combustibles solides, liquides ou gazeux, destinés à produire de la chaleur ou de l’électricité et issus de la biomasse.
Comme l’a souligné Jean-Yves Dupré, du ministère de l’Agriculture, les biocombustibles sont plus performants en énergie par rapport à l’effet de serre que les biocarburants. Et en Allemagne, la production de biogaz, à partir de la fermentation anaérobie des déchets organiques, fait l’objet d’un véritable engouement. « Fin 2005, près de 4.000 unités de biogaz étaient en fonction dans les exploitations agricoles allemandes alors qu’en France, on ne compte que 3 unités seulement », précise le semencier. Avec les nouveaux prix de l’électricité qui seront garantis aux producteurs de bioénergie et qui vont probablement plus que doubler, a annoncé Jean-Yves Dupré, la production de biogaz devrait pouvoir décoller en France.
Les responsables de KWS sont d’autant plus optimistes pour l’avenir de cette production du biogaz qu’ils ont annoncé que « les unités de fabrication peuvent multiplier leur rendement gaz par cinq si les déchets organiques, de type lisier ou fumier, sont associés à des cultures énergétiques comme le maïs ».
Ainsi, en Allemagne, en 2005, environ 100.000 hectares de cultures énergétiques ont pu être emblavées pour une utilisation en biogaz, indique le communiqué. Et en 2015, avec 20.000 installations de production de biogaz qui sont prévues en Allemagne, il faudra consacrer 2 à 2,5 millions d’hectares de surfaces agricoles à des cultures énergétiques : maïs, mais aussi sorgho, colza, tournesol...