Comment les JO de 2024 risquent de perturber le transport des céréales sur la Seine pendant la moisson
La circulation sur la Seine pourrait être fortement perturbée au moment des JO 2024 à Paris. Une mauvaise nouvelle pour les acteurs du monde des céréales utilisant le fleuve pour acheminer leur production.
La circulation sur la Seine pourrait être fortement perturbée au moment des JO 2024 à Paris. Une mauvaise nouvelle pour les acteurs du monde des céréales utilisant le fleuve pour acheminer leur production.
C’était aux alentours de la mi-novembre : la préfecture de la région Île-de-France a fait passer une information auprès des armateurs du bassin de la Seine, leur annonçant que l’axe Seine serait fermé à la navigation pendant environ sept jours avant la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques 2024 (le 26 juillet, les jeux démarrant le lendemain jusqu’au 11 août), notamment sur la portion Austerlitz/Bir-Hakim, une information publiée par La Tribune puis confirmée par Le Parisien le 23 novembre. La raison ? La préparation de la cérémonie, selon la préfecture, qui a indiqué par ailleurs que cela devait permettre aux acteurs du transport fluvial et à leur écosystème d’anticiper cette contrainte. Cela concerne bien évidemment et précisément les barges qui convoient les produits de la moisson à cette époque de l’année.
Il n’a pas échappé aux acteurs de la filière céréales que ce cette « contrainte » tombait en plein cœur des moissons et des premiers transports et acheminements de la collecte. « Les récoltes démarrent en général dans la région aux alentours de la mi-juin pour les orges et fin juin début juillet pour les blés » indique Laurent Vittoz, directeur général de la coopérative ValFrance, installée entre Oise et Seine-et-Marne avant de poursuivre : « cela fait 3 – 4 mois que je tire la sonnette d’alarme, avec d’autres OS concernés. Le plus gênant, c’est que si les flux normaux à partir de nos silos ou de nos installations de stockage prennent du retard, c’est la campagne maïs qui risque d’en pâtir ensuite ». Et d’ajouter que si tout n’est pas libre au 15 septembre, « ça va être dur » pour la campagne maïs qui arrive derrière.
Des camions pour compenser mais à quel prix et pour quelle empreinte carbone ?
Pour ValFrance, cette période de l’année concerne entre 150 000 et 200 000 t de grains (600 000 t pour l’ensemble des acteurs concernés). Et une barge peut transporter entre 350 et 5 000 t alors qu’un camion sur la route, c’est seulement 27 t. Facile de comprendre que si l’ensemble des volumes transportés par barge doit être reporté sur des camions, on fait exploser le trafic routier, avec la certitude que le coût du fret s’envolera à ce moment-là, sans compter les retards et peut-être la difficulté à trouver aussi bien des camions que des chauffeurs. Une idée a été avancée de former des convois de barge qui stationneraient de part et d’autre de la zone interdite, une solution très difficile à mettre en œuvre, ne serait-ce que pour la problématique du lieu de stationnement lui-même de ces convois (une barge peut faire jusqu’à 100 m de long).
D’après nos informations, une réunion est prévue le 14 décembre 2023 entre les différentes parties prenantes, dont l’AGPB, Intercéréales (l’interprofession céréalière s’est emparée du dossier sous la houlette de Jean François Lepy), de La Coopération Agricole ou encore la Région Île-de-France pour dégager des solutions acceptables pour tous.