Irrigation : il faut savoir partir à point
En cette période de sécheresse, Arvalis recommande une grande rigueur dans le démarrage de l’irrigation du maïs.
Les années se suivent et ne se ressemblent pas. En 2005, le déficit hydrique de l’hiver et du printemps a participé à la diminution des surfaces françaises de maïs de 7,4 % (diminution allant jusqu’à 20 % en Poitou-Charentes), les agriculteurs anticipant, dans certaines régions, un manque probable de ressources estivales. Selon Arvalis-Institut du végétal, ce début de campagne est également particulier du fait de combinaisons date de semis/choix de précocité plus étendues que d’habitude : aujourd’hui la «ferme maïs France» présente une hétérogénéité de stades peu commune.
Des stratégies innovantes
Dans certaines régions des irrigants ont même testé la stratégie d’évitement qui consiste à semer tôt des variétés beaucoup plus précoces que celles habituellement cultivées. Cette stratégie permet de compenser les rendements plus faibles obtenus, par des fins d’irrigation et des récoltes plus précoces et donc des coûts de séchage réduits. Le progrès génétique constant des variétés de toutes précocité, la modification du rapport des prix entre le quintal et le séchage rendent ces stratégies plus intéressantes. Parallèlement, on a pu voir aussi des tentatives de semis ultra-précoces, avec des variétés «classiques» ou avec des «cycles longs». Toutes ces stratégies montrent l’imagination dont savent faire preuve les agriculteurs pour s’adapter aux nouvelles contraintes.
Arvalis accompagne ces efforts par une expérimentation régionale autour de tous ces itinéraires techniques. Les références sont encore partielles pour proposer des conseils d’irrigation tout à fait éprouvés dans ces nouveaux types de scénario, mais l’Institut du végétal propose, en première analyse, de bien rester calé sur les recommandations fondamentales basées sur le fonctionnement des plantes, notamment pour ce qui concerne le déclenchement de l’irrigation.
Deux repères fondamentaux
La décision de déclencher l’irrigation repose essentiellement sur deux critères : le stade du maïs et l’état de dessèchement du sol. Le stade du maïs “10 feuilles visibles” constitue de fait le début de la période de sensibilité au stress hydrique. Avant ce stade, l’irrigation n’est pas nécessaire sauf en cas de levée difficile ou pour l’utilisation de l’azote. De plus, il faut évidemment un dessèchement suffisant du sol de la zone racinaire pour que l’apport d’eau soit utile, stockable et bien valorisé. Enfin, la dose de la première irrigation n’excédera pas 20-25 mm afin d’effectuer un premier tour d’eau rapidement et d’éviter drainage et ruissellement.
Arvalis recommande une grande rigueur dans le démarrage de l’irrigation. Le repérage du stade “10 feuilles visibles” est simple, mais il faut un minimum de méthode. C’est d’autant plus vrai qu’en 2005 les semis ont été très échelonnés et les choix de précocité plus variés que d’habitude. «Il ne faut surtout pas se fier au calendrier et encore moins aux décisions des voisins si le stade de leur culture est différent», insiste l’Institut du végétal.
Les semis les plus précoces ayant été réalisés dans la dernière décade de mars, les maïs les plus avancés sont donc entrés dans la phase pouvant nécessiter une irrigation. Ainsi, en Poitou-Charentes, les maïs demi-précoces semés tôt sont-ils d’autant plus sensibles qu’ils atteindront rapidement la floraison.