Marché des biocarburants
Hausse de la consommation française d’E85, malgré la pandémie de Covid-19, selon les représentants de la filière Bioéthanol
La filière Bioéthanol estime que l’UE rehaussera son objectif d’énergie renouvelable dans les transports, passant de 14 % à 24 % à l’horizon 2030, dans le cadre de REDII durant le printemps 2021. Un facteur susceptible de favoriser la demande européenne en biocarburant de première génération.
La filière Bioéthanol estime que l’UE rehaussera son objectif d’énergie renouvelable dans les transports, passant de 14 % à 24 % à l’horizon 2030, dans le cadre de REDII durant le printemps 2021. Un facteur susceptible de favoriser la demande européenne en biocarburant de première génération.
L’E85 (ou superéthanol, biocarburant contenant 85 % d’éthanol d’origine agricole) ne connaît pas la crise ! La consommation hexagonale du carburant a augmenté de 4 % entre 2019 et 2020, et ce, malgré la crise sanitaire, qui a déclenché deux confinements et fortement pénalisé la consommation nationale d’essence, selon la Collective du bioéthanol, lors d’un webinaire le 26 janvier. Dans le détail, ce sont 351 821 m3 d’E85 qui ont été consommés par les Français l’an dernier, contre 337 512 m3 en 2019. Le Syndicat national des producteurs d’alcools agricoles (SNPAA), membre de la Collective du bioéthanol, a confirmé les gains de parts de marché de l’E85 dans le marché des essences, passant de 3 % à 3,6 % entre 2019 et 2020.
Autre signe de la dynamique de la demande en E85, le nombre de stations proposant le biocarburant progresse, passant de 1 740 à 2 305 entre 2019 et 2020. La raison de cette dynamique : le prix très attractif de l’E85, environ deux fois moins cher que les autres carburants.
Baisse de 14 % de la consommation hexagonale d’essence entre 2019 et 2020
Concernant le marché des essences dans son ensemble, le SNPAA déplore une baisse de 13,7 % de la consommation française entre 2019 et 2020, contre une croissance de 7 % attendue. Toutefois, le choc a été plutôt bien amorti, selon le SNPAA, la consommation remontant de manière assez significative après le deuxième confinement. Entre novembre et décembre, elle passe d’un peu moins de 600 millions de litres (Ml) aux alentours de 800 Ml. De son côté, le SP95-E10, essence contenant 10 % d’éthanol, devient la première essence consommée en France, avec 50,6 % de parts de marché des essences en décembre 2020.
Perspectives réglementaires en France et en Europe favorables au bioéthanol ?
Les perspectives réglementaires s’annoncent plutôt favorables, en France et en Europe, à la consommation d’essence et, par ricochet, de bioéthanol. Tout d’abord, Nicolas Kurstoglou, ingénieur responsable Carburants au sein du SNPAA, explique que « l’homologation de boîtiers de conversion E85 incluant les véhicules de 15 CV est bien engagée. L’arrêté est en cours de rédaction ». De son côté, le président de Ford France, Louis-Carl Vignon, annonce la mise en marché de plusieurs véhicules flexfuel, compatibles avec l’E85, dès la fin de l’été 2021, ce qui est susceptible de stimuler davantage la demande pour ce carburant.
Ensuite, la Commission européenne travaille sur la révision de la directive sur les énergies renouvelables II (REDII), qui s’annonce positive pour la filière Bioéthanol, estime la Collective du bioéthanol. « La Commission européenne prévoit de rehausser son objectif de réduction d’émission de gaz à effet de serre (GES), passant de 40 % à 55 % à l’horizon 2030, au cours du printemps 2021. Par homothétie, la part d’énergies renouvelables dans les transports passerait de 14 % actuellement à 24 % en 2030 », explique Nicolas Rialland, directeur Affaires publiques et environnement de la Confédération Générale des planteurs de betteraves.
Des craintes réglementaires subsistent pour la Collective du bioéthanol
Toutefois, la Collective du bioéthanol annonce qu’elle restera vigilante sur plusieurs points réglementaires. Elle juge, par exemple, les normes européennes mesurant les émissions de GES des transports « obsolètes ». « L’UE mesure l’émission de GES en sortie de pot d’échappement. Or, il faudrait mesurer également l’amont de la chaîne, soit l’ensemble du cycle de vie. Par exemple, une voiture électrique fonctionnant à l’énergie solaire ou éolienne est vertueuse, mais d’autres stimulent la production de charbon », prévient Nicolas Rialland. Ce dernier rappelle, également, l’opposition de la filière française du bioéthanol au « système de multiples comptages, qui ne représente pas la réalité ».
Nicolas Rialland espère que l’Union européenne se montrera flexible en matière de seuil d’incorporation de biocarburant de première génération. « On espère que l’Europe autorisera, par exemple, les bons élèves à dépasser le plafond d’incorporation de biocarburant de première génération dans les transports de 7 % pour certains pays, afin de compenser les moins bons élèves qui sont loin des 7 %, tout en maintenant un niveau global européen de 7 %. La France pourrait par exemple incorporer 7,5 % à 8 % de biocarburant de première génération, qui compenserait le fait que certains Etats membres sont loin du plafond européen ».