Guerre Russie Ukraine : le spécialiste du biscuit Mondelez se sépare de ses activités en Russie
L’entreprise estime que sa position n’est plus tenable en Russie. Unilever est également concernée.
L’entreprise estime que sa position n’est plus tenable en Russie. Unilever est également concernée.
Fin juin, le spécialiste mondial du biscuit et du chocolat Mondelez (Cadbury, Côte d’Or, Daim, Lu, Mikado, Milka, Oreo, Prince Lu, Ritz, Toblerone, Tuc…) a annoncé désinvestir de ses activités en Russie (une filiale et trois usines) en créant une entreprise à part entière, séparée des activités de la maison-mère et disposant d’une chaîne d’approvisionnement et de fonctionnement autonome. Le biscuitier a enregistré une baisse à deux chiffres de son chiffre d’affaires depuis le début de 2023 en Russie associé à un recul très net de sa part de marché, s’attendant par ailleurs à une poursuite de la baisse des ventes en volumes et en chiffres.
Continuité d’activité dans le pays versus…
Dans la foulée du début du conflit, Mondelez, comme beaucoup d’autres entreprises, avait condamné « l’agression » russe vis-à-vis de l’Ukraine et avait annoncé avoir débloqué un soutien financier (15 M$ à travers sa fondation Mondelez International Foundation) à cette dernière, à ses citoyens et aux réfugiés ukrainiens. Elle avait aussi réduit ses activités, abaissé ses dépenses de publicité et stoppé tout nouvel investissement en capital et tout nouveau lancement de produits en Russie. Mais l’entreprise de Chicago n’a pas cessé pour autant toute activité, à l’image de bien d’autres entreprises internationales (Kellogg, qui a cédé toutes ses activités à une entreprise locale, ou encore Kraft Heinz), expliquant au passage que tout arrêter dans ce pays reviendrait à céder l’ensemble des activités à des entités qui auraient récupéré l’ensemble des revenus et bénéfices pour ses propres intérêts (y compris le financement de l’effort de guerre russe). « Cela aurait aussi pour effet d’interrompre l’accès à certains aliments pour de nombreuses familles n’ayant rien à voir avec la guerre » et « aurait créer une grande incertitude pour les 3 000 employés et plus de 10 000 agriculteurs » travaillant pour le groupe dans le pays, selon l’entreprise.
… arrêt total des activités
Mondelez estime aussi que sa présence sur le sol russe, en dépit des annonces faites en faveur de l’Ukraine, pousse certains pays et entreprises à « isoler sa position » et à « ne pas le traiter comme ses concurrents en matière de commerce », selon un mémo rédigé par Vinzenz Gruber (président des activités Mondelez en Europe), destiné à ses employés et révélé par Reuters. Il déplore cet état de fait car, sans citer de noms de marques, ce dirigeant affirme cependant que « si l’on regarde les étagères de la plupart des cuisines en Russie, vous verrez beaucoup de produits alimentaires et de boissons de sociétés qui n’ont pas quitté la Russie ».
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Certaines entreprises traditionnellement clientes de Mondelez en Scandinavie (essentiellement en Norvège et en Suède) ont annoncé en juin arrêter de vendre les produits Mondelez dans leur réseau (compagnies aériennes, société de transport ferroviaire, chaîne hôtelière…). Elles réagissaient à l’annonce d’une liste d’entreprises poursuivant certaines activités en Russie établie par l’Agence nationale de prévention de la corruption ukrainienne.
Le géant de l’agroalimentaire et des produits d’hygiène Unilever se trouve dans la même situation depuis quelques jours, également intégré dans la liste de l’agence ukrainienne et intitulée liste des "sponsors internationaux de la guerre". Un des arguments de l’agence repose sur le fait que les taxes produites par les activités de vente de produits de ces grandes entreprises agroalimentaires sont autant de ressources financières mises à disposition du gouvernement russe. Selon la Kyiv School of Economics, citée par l’AFP, on estime qu'Unilever a payé au moins 300 millions d'euros de taxes l'an dernier en Russie.