Guerre en Ukraine : la Russie menace de ne pas prolonger l'accord grains après les explosions d'un pipeline d’ammoniac et du barrage de Kakhovka
Russie et Ukraine se rejettent mutuellement l’une sur l’autre la responsabilité de l’attaque d'un pipeline russe transportant de l'ammoniac. Les négociations sur le reconduction de l’accord corridor grains mer Noire se poursuivent dans un contexte rendu plus difficile.
Russie et Ukraine se rejettent mutuellement l’une sur l’autre la responsabilité de l’attaque d'un pipeline russe transportant de l'ammoniac. Les négociations sur le reconduction de l’accord corridor grains mer Noire se poursuivent dans un contexte rendu plus difficile.
Alors que les discussions reprennent à Genève sur la prolongation du corridor grains dans la zone mer Noire (l’échéance actuelle est au 17 juillet), l’explosion (au nord-est de Kharkiv, anciennement Kharkov en français) qui a endommagé le pipeline transportant habituellement de l’ammoniac entre Togliatti (à l’ouest de la Russie) vers la région portuaire ukrainienne d’Odessa (port de Pivdenny exactement ; Youjne depuis 2017) sur près de 2 500 kilomètres (le plus long au monde) complique ces négociations.
En effet, depuis plusieurs sessions de renégociations, les dirigeants russes ne cessent de répéter que l’accord sur les grains ne peut pas se poursuivre si les Occidentaux n’incluent pas dans les discussions la reprise des exportations d’ammoniac russe vers l’Europe (l’accès au système bancaire de transactions internationales Swift étant une autre revendications du Kremlin).
La destruction d’une partie de cette infrastructure de transport, lundi 5 juin, n’arrange évidemment pas les pourparlers, le gouvernement russe menaçant de s'opposer à toute reconduction de l’accord initial. Selon Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, « cela prendra entre un et trois mois pour réparer la section endommagée », sans que quiconque, d’un côté ou de l’autre, ne soit vraiment capable de décrire les dégâts subis, à ce jour. Le ministre russe de l’Industrie et du Commerce, Dennis Menturov, a même fait savoir, jeudi 8 juin, que Moscou n’avait pas accès à la zone de l’explosion, via l’agence Interfax.
Une rencontre, faisant partie des échanges normaux mis en place depuis plusieurs semaines maintenant, est prévue ce jour (9 juin) entre des officiels des Nations-Unies et russes pour évoquer la facilitation du commerce des fertilisants russes entre la Russie et l’Europe occidentale.
Rappelons que le pipeline transporte habituellement 2,5 Mt d’ammoniac par an mais qu’il est fermé depuis le début des hostilités entre la Russie et l’Ukraine, en février 2022.
Premiers bilans après les dégâts subis par le barrage de Kakhovka
Par ailleurs, le ministère ukrainien de l’Agriculture affirme que l’endommagement du barrage de Kakhovka, dans le sud du pays, pourrait causer une perte portant sur « plusieurs millions de tonnes de récolte », en raison de l’inondation provoquée et de la dégradation du système d’irrigation de la région concernée.
Dans un communiqué, le ministère des Affaires agricoles et de l’Alimentation de l’Ukraine, tire un premier bilan des dégâts : inondation de 10 000 ha de surfaces agricoles sur la rive droite de la région de Kherson et arrêt de l’approvisionnement en eau via 31 systèmes d’irrigation des champs des régions de Dniepropetrovsk, Kherson et Zaporijjia.
Le communiqué rappelle qu’en 2021, ces systèmes avaient permis l’irrigation de 584 000 ha de terre ayant produit 4 Mt de céréales et d’oléagineux pour une valeur d’1,5 Md$. Autre précision du ministère ukrainien : en 2023, seulement 13 systèmes d’irrigation étaient opérationnels sur la rive droite du Dniepr. L’attaque du barrage a pour conséquence que 94 % du système d’irrigation autour de Kherson est à court d’approvisionnement (74 % pour Zaporijjia et 30 % pour Dniepropetrovsk).