Farre: sensibiliser les décideurs politiques à l’échelle européenne
L’association entend promouvoir sa démarche auprès des producteurs, mais également des consommateurs et travaille, avec ses homologues européens, à un cahier des charges commun.
SI L’ACCENT A été mis ces dernières années sur la qualification des exploitations, Farre Forum de l’agriculture raisonnée respectueuse de l’environnement recentre son action sur la promotion au sens large de l’agriculture raisonnée (AR), en renforçant son effort de communication, notamment à destination des pouvoirs politiques. Son colloque annuel, qui se déroulera le 11 janvier à Paris, sera à cet égard l’occasion de mieux sensibiliser le ministère de l’Écologie, moins convaincu par la démarche que celui de l’Agriculture, puisque Nelly Ollin devrait venir clôturer ces 9 e rencontres. Celles-ci seront consacrées à la conciliation de l’agriculture et de la biodiversité.
Le 29 novembre se tiendra par ailleurs, en présence de Mariann Fisher Boel, commissaire européen à l’Agriculture, la conférence de l’EISA European Initiative for Sustainable Development in Agriculture., à laquelle Farre et des associations similaires d’Allemagne, de Suède, d’Angleterre, du Luxembourg, de Hongrie et d’Autriche adhèrent. Notons que seule la France est dotée pour l’AR d’un dispositif réglementaire appuyé par l’Etat. Les avis divergent parfois entre les pays, la Suède est par exemple plus sensible à la biodiversité que l’Allemagne. L’EISA tente de lisser les positions de chacun et travaille à un cahier des charges commun à présenter aux décideurs politiques européens. Pour Bernard Guidez, nouveau président de Farre et agriculteur dans le Tarn, si les producteurs de l’UE ne font rien, d’autres démarches seront impulsées, mais cette fois par des grands groupes qui imposeront leurs cahiers des charges aux agriculteurs pour le référencement en grande surface. «Nous devons proposer une alternative!», insiste-t-il.
Élargir le champ de communication
Farre entend communiquer auprès du monde agricole pour changer les pratiques et la façon de penser l’ensemble de l’exploitation. Elle veut inciter les producteurs à avoir une démarche citoyenne. Tout doit être raisonné différemment, assure Bernard Guidez, expliquant : «Il ne faut pas s’intéresser qu’à la rentabilité des actes, mais aussi s’interroger sur leur impact environnemental.» Si celui-ci s’avère négatif, «il faut savoir se remettre en cause». Par ailleurs, alors que depuis la crise de l’ESB, l’opinion est marquée par un excès de doute et de suspicion lié, selon le président, à une méconnaissance et au manque de contact avec l’agriculture, l’effort de communication à destination du consommateur va être renforcé, via les médias notamment. Enfin, Farre souhaite continuer de sensibiliser les pouvoirs publics et acteurs politiques. En effet, si le consommateur sait reconnaître des produits et labels de qualité, «il n’est pas prêt à payer un surplus environnemental». Celui-ci doit alors être assumé par l’agriculteur ou le gouvernement qui doit «nous donner des signes d’encouragement», comme le demande Bernard Guidez. Mais l’Etat a déjà affiché son soutien : alors que les producteurs doivent payer pour se faire contrôler, il a décidé de verser une aide de 1.000€ aux qualifiés de 2004 et 2005 et d’alléger les contrôles de conditionnalité des aides pour les qualifiés. Ceux-ci devraient être environ cinq fois moins fréquents. Enfin, les mille premiers qualifiés recevront un panneau via les DGAL pour afficher leur engagement.