Droit de réponse de Julien Venesson
Julien Venesson est l'auteur de “Gluten, comment le blé moderne nous intoxique”
Dans l'article “Aucun lien entre sensibilité au gluten et recherche variétale selon Limagrain”, paru dans l'édition du 11 mars 2014, les propos suivants me sont attribués : « [Les] blés modernes [sont] bien plus riches en gluten que les variétés ancestrales. »
Ces propos ne sont pas les miens. Ils ne figurent pas dans mon texte et je ne les ai jamais tenus. Ils ont été repris de la quatrième de couverture du livre, qui est un texte de présentation rédigé comme c'est l'usage, par l'éditeur, et contractuellement sa prérogative exclusive. J'ai d'ailleurs demandé que ce passage soit supprimé dès la prochaine réimpression.
J'explique longuement dans mon livre que le problème du blé moderne ne vient pas de sa teneur en gluten mais des modifications des épitopes, qui sont des morceaux de protéines du gluten ayant la propriété de pouvoir être reconnus comme antigène, et ainsi d'induire des phénomènes d'intolérance ou de sensibilisation. En effet, plusieurs études publiées en 2006 et 2010 ont démontré très clairement que les blés modernes étaient plus antigéniques que les blés ancestraux comme le petit épeautre (1, 2). Dès lors, l'affirmation d'une représentante de Limagrain : « Après des années de sélection, la composition en protéines du blé n'a pas changé » ne reflète pas les données scientifiques.
Le Pr Jean-François Narbonne, expert toxicologue à l'Anses, explique d'ailleurs que les croisements à l'aveugle des végétaux polyploïdes provoquent des modifications génétiques imprévisibles, tout à fait comparables à celles obtenues par les OGM modernes. Qui peut donc assurer que son nouveau blé est sans danger pour la santé humaine, alors qu'on est incapable de donner la fonction des protéines qui le compose ? Faut-il rappeler qu'aujourd'hui le génome du blé moderne n'est toujours pas décrypté ? Il est temps que les industriels prennent leurs responsabilités, considèrent le problème à sa juste taille, ne nient plus la problématique des blés modernes et proposent enfin de vraies alternatives saines aux consommateurs.
Références : (1) van den Broeck HC1, de Jong HC, Salentijn EM, Dekking L, Bosch D, Hamer RJ, Gilissen LJ, van der Meer IM, Smulders MJ. Presence of celiac disease epitopes in modern and old hexaploid wheat varieties: wheat breeding may have contributed to increased prevalence of celiac disease. Theor Appl Genet. 2010 Nov;121(8): 1527-39. (2) Pizzuti D, Buda A, D'Odorico A, D'Incà R, Chiarelli S, Curioni A, Martines D. Lack of intestinal mucosal toxicity of Triticum monococcum in celiac disease patients. Scand J Gastroenterol. 2006 Nov;41(11): 1305-11.