Deux questions à…
Quels sont les effets de la mise en place de l’ANR dans le paysage de la recherche agronomique française ?
Marion Guillou : Les programmes mis en place par l’Agence nationale de la recherche (ANR) vont permettre de mobiliser les compétences de tous les acteurs de la recherche sur des sujets prioritaires comme l’agriculture et le développement durable ou l’alimentation humaine. Le nouveau dispositif devrait limiter l’émiettement des budgets de la recherche agronomique. En effet, le montant de l'aide accordée aux projets qui seront sélectionnés sera conséquent. Il permettra aux équipes de ne plus passer leur temps à multiplier les réponses à des appels d'offres pour des montants financiers faibles. Le partenariat entre équipes devrait accroître l’efficacité de l’effort national de recherche et favoriser l’interdisciplinarité. Quant aux objectifs de chacun des programmes, ils ont été choisis après d’importantes réflexions prospectives et consultations animées par l’Inra (Institut national de la recherche agronomique). Au bilan, l’Institut a joué un rôle de réflexion et d’ouverture dans le dispositif. L’ANR lui a délégué l’animation de plusieurs programmes, reconnaissant qu’il satisfaisait aux critères de crédibilité, continuité, légitimité et économie d’échelle. La continuité est assurée par exemple entre les programmes fédérateurs nationaux (alimentation, agriculture durable, écologie et gestion des écosystèmes) que l’Inra avait initiés, avec d’autres partenaires (Inserm, CNRS, Cirad, Cemagref, Acta…), avant la création de l’ANR, et les programmes du nouveau dispositif.
L’Inra sera donc animateur de programmes nationaux alors que ses équipes pourront répondre aux appels d’offre. Comment cela va-t-il se passer concrètement ?
Marion Guillou : Dans le cadre de la réflexion sur l’avenir du système français de recherche, l’Inra avait dès juillet 2004 suggéré au gouvernement de confier à des organismes de recherche finalisée un double rôle, de programma-tion («faire faire») en coopération avec d’autres acteurs, et d’opérateurs de recherche («faire»). Ceci suppose de bien articuler et distinguer ces deux rôles complémentaires.
Source : La Lettre, n°11 juillet 2005, trimestriel édité par l’Institut national de la recherche agronomique (Inra).