Marché des grains/Bilans français
Des stocks hexagonaux de blé tendre potentiellement au plus haut depuis 17 ans !
Les mauvaises performances françaises à l’export sur l’Algérie justifient l’essentiel de l’alourdissement du bilan national prévisionnel en blé tendre, rapporte FranceAgriMer (Fam).
Les mauvaises performances françaises à l’export sur l’Algérie justifient l’essentiel de l’alourdissement du bilan national prévisionnel en blé tendre, rapporte FranceAgriMer (Fam).
Les stocks français de blé tendre de fin de campagne commerciale 2021/2022 sont attendus à 3,647 Mt, ce qui correspondrait à un plus haut depuis 2004/2005, soit 17 ans, selon le dernier bilan prévisionnel de FranceAgriMer (Fam) le 12 janvier. En décembre, la projection s’affichait à 3,508 Mt.
La principale raison justifiant cet alourdissement du bilan national est la révision à la baisse des exportations sur pays tiers de 0,2 Mt par rapport au mois antérieur, à 9 Mt. Parmi ces pays-tiers, l’Algérie concentre l’essentiel des inquiétudes. Entre le 1er juillet et le 31 décembre 2021, 1,154 Mt de blé tendre hexagonal seulement ont été expédiées pour répondre aux besoins de l’OAIC (Office Algérien Interprofessionnel des Céréales), contre environ 2 Mt à la même époque généralement les année antérieures, sachant qu’entre 4 et 6 Mt y sont d’habitude envoyées sur l’ensemble d’une campagne commerciale, rappelle Fam, lors de sa conférence de presse mensuelle suivant le conseil spécialisé Grandes Cultures. Ajoutons à cela un recul des expéditions sur l’UE de 0,075 Mt d’un mois à l’autre, à 7,717 Mt.
Des relations politiques plutôt fraîches entre la France et l'Algérie...
Au sujet de la déception algérienne, Marc Zribi, chef de l’unité Grains et Sucre de Fam, émet des hypothèses : « les faibles volumes français sur l’Algérie peuvent s’expliquer par les relations actuellement froides entre les deux pays, mais aussi par une possible meilleure compétitivité russe concernant la qualité ».
D'importantes incertitudes sur les stocks et les exportations françaises
Le spécialiste tient toutefois à tempérer les performances hexagonales plutôt décevantes à l’export (pour l’instant) : « la France a pour habitude d’être plus dynamique sur la seconde partie de campagne. De plus, rappelons que la récolte a été tardive. (…) Le rapport USDA d’aujourd’hui sera à suivre de près, sachant que le dernier de décembre estimait un chiffre assez irréaliste d’exportation russe à 36 Mt, alors que la Russie a mis en place un quota à 32 Mt », ce qui laisserait un peu plus de place aux origines françaises sur la scène mondiale. Ensuite, « les opérateurs espèrent que nous serons en mesure d’envoyer plusieurs bateaux sur l’Egypte, et l’optimisme est de mise sur d’autres destinations, comme la Chine, le Royaume-Uni, le Maroc, l’Afrique Subsaharienne… ». Le chiffre des exportations prévisionnelles pourrait donc être de nouveau corrigé, tout comme les stocks de fin de campagne, sachant que la compétitivité française est jugée bonne par l’expert, grâce notamment au recul de l’euro face au dollar ces derniers mois.
De bonnes performances au Maroc et au Royaume-Uni
Fam indique que les chiffres hexagonaux sur les autres destinations sont encourageants : 354 000 t expédiées au Maroc depuis le début de la présente campagne, et jusqu’au 31 décembre 2021, contre 209 000 t l’an dernier à la même époque, et 211 000 t sur le Royaume Uni, contre 58 000 t l’an dernier. Les performances sur l’Afrique Subsaharienne et la Chine, bien qu’en baisse, sont également louables, à respectivement 858 000 t et 1,44 Mt, contre 911 000 t et 1,563 Mt l’an dernier.
Hausse de la consommation de la meunerie et de la nutrition animale hexagonale
Sur le marché intérieur, Fam a relevé la prévision de consommation des segments panification et amidonnerie/glutennerie de 0,01 Mt chacun entre décembre et janvier, à respectivement 2,81 Mt et 2,79 Mt. « Les poids spécifiques sont moins bons cette année, obligeant les meuniers à consommer davantage de volumes pour produire une même quantité de farine », justifie Marc Zribi. Celle des fabricants d’aliments pour animaux est également revue à la hausse de 0,05 Mt, à 4,7 Mt, du fait de la bonne compétitivité prix du blé tendre par rapport au maïs.
Peu de changements dans les bilans maïs, orges et blé dur
Raison pour laquelle la consommation de la nutrition animale française prévisionnelle 2021/2022 de maïs est revue à la baisse de 50 000 t sur la même période, à 3,25 Mt. Le chef de l’unité Grains et Sucre prévient toutefois que les chiffres de la demande des fabricants d’aliments sont sujets à changements, compte tenu des cas d’Influenza aviaires rapportés. Les bilans maïs évoluent peu néanmoins, les stocks de fin de campagne étant espérés à 1,874 Mt ce mois-ci, contre 1,851 Mt le mois précédent.
Fam n’a pas non plus apporté de grands changements concernant le bilan des orges, les réserves de fin de campagne étant stables à 1,42 Mt d’un mois à l’autre. « Il faudra tout de même surveiller le chiffre de consommation de la malterie, qui pourrait être affectée par la résurgence de la pandémie de Covid-19 », alerte Marc Zribi.
Forte demande italienne confirmée en blé dur
Le bilan blé dur évolue à la marge, avec des stocks tombant à 0,159 Mt en janvier, contre 0,166 Mt en décembre. Les exportations hexagonales sur l’UE remontent sur la période de 50 000 t, afin de répondre « à la forte demande italienne, qui a moins accès aux origines canadiennes », rappelle Marc Zribi. Mécaniquement, celles sur pays-tiers régressent du même ordre, pour tomber à 0,125 Mt.