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Agriculture biologique
Des filières en quête de prix d’équilibre

La question est récurrente : le bio est-il indexé – malgré lui – aux cours du conventionnel ? Tout dépend des cultures, répondent les opérateurs qui restent sur leurs gardes, prudents, de crainte de déstabiliser une filière encore étroite.

Prudence en terme de prix
    L’influence de l’envolée du prix du blé conventionnel perturbe le marché : « nous plaidons pour une stabilité des prix, afin de ne pas étrangler la filière qui reste fragile », explique Jean-Louis Dupuy. Les débouchés porteurs, comme la restauration collective, ne peuvent être asphyxiés alors qu’ils s’ouvrent peu à peu. « Nous préférons consolider notre assise, plutôt de que suivre la courbe spéculative du conventionnel. » Certes, certains agriculteurs souhaiteraient aussi bénéficier de ce renchérissement, « mais il est important de construire sur le long terme, sachant que les prix bio en blé meunier restent environ 80 % plus élevés départ OS. Attention à l’indexation, si demain la situation se retourne, il faudra alors appliquer les baisses proportionnelles en bio, au risque de détruire ce qui s’est mis en place progressivement, avec des exploitations qui ne seront plus viables », complète Hervé Mucke, directeur de Bio Sud Est, union de coopératives. Preuve de la grande sensibilité du marché bio, l’évolution du grand épeautre, graine plus spécifique à la bio en alimentation humaine, dont les cours font le yoyo. Victime d’une surproduction les années précédentes, il a été délaissé cette saison, et connaît un net raffermissement de son prix.

Flambée de la protéine végétale
    Du côté des céréales destinées à l’alimentation animale, la hausse, estimée à 20 %, des volumes récoltés en France devrait satisfaire les besoins des Fab qui ont utilisé près de 110.000 t cette dernière campagne (+20 %). En 2011/2012, selon FranceAgriMer, ils ont consommé 17.020 t de triticale (+41 % sur un an) et 10.592 t d’orge (+6 %) pour une production de 28.978 t de triticale (dont 12.696 t de C2) et 13.844 t d’orge (dont 3.742 t de C2). En maïs, les Fab ont consommé 52.487 t en 2011/2012 (+10 %) pour une collecte de 55.489 t (dont 15.325 t de C2). La fin de la campagne enregistre des stocks de près de 55.000 t (toutes céréales). En maïs, même si aucun chiffre n’est encore prononcé, il semble que la récolte soit en hausse, avec dans certaines zones irriguées, d’excellents rendements. « Attention, en céréales secondaires, les prix doivent aussi se maintenir pour conserver un différentiel suffisant avec le conventionnel, au risque de décourager les bio, dont le système est basé sur les rotations », insiste Nicolas Lecat, directeur d’Agribio Union.
    En protéines, la situation se complique : la graine de tournesol (plus de 12.000 ha1) subit également la pression du marché dominant, affectant dans la foulée le tourteau. « Si le différentiel n’est pas suffisant en bio, on risque de voir des volumes sortir du circuit », menacent certains. « Il ne faut pas tomber dans l’excès, et rester raisonnable pour maintenir la filière », plaident la plupart des opérateurs. Directement connecté au marché international, le tourteau de soja, qui entre à hauteur de 20 à 40 % dans les formulations d’aliments, subit aussi cette flambée des prix déstabilisante pour la filière. Si certains Fab, comme l’Ufab ou Terres du Sud, se lancent dans la trituration en stimulant la mise en culture, la France reste très déficitaire en graines de soja (15-20.000 t produites, contre 40-70.000 t utilisées, dont une grande partie en alimentation humaine). S’il n’est pas contenu, ce renchérissement de la protéine pourrait mettre à mal les filières animales bio encore fragiles. Un dilemme pour la profession.

(1) : Chiffres Agence Bio pour 2010 (édition 2011).

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