Agrocarburants
[Coronavirus Covid-19] « Les usines des membres d’Estérifrance tournent normalement à date »
Kristell Guizouarn, présidente d’Esterifrance, rappelle que les producteurs d’esters constituent un secteur clé, grâce à la production d’huile alimentaire, de tourteaux et de glycérine, servant l’élaboration de gel hydroalcoolique.
Kristell Guizouarn, présidente d’Esterifrance, rappelle que les producteurs d’esters constituent un secteur clé, grâce à la production d’huile alimentaire, de tourteaux et de glycérine, servant l’élaboration de gel hydroalcoolique.
« L’épidémie de coronavirus n’a pas d’impact notable sur nos activités à date (aujourd’hui 19 mars). Ainsi, les usines des membres d’Esterifrance (syndicat des producteurs d’esters) tournent normalement », rassure Kristell Guizouarn, présidente de l’organisation. Elle précise que toutes les mesures de sécurité sont prises afin de respecter les consignes du gouvernement, comme une bonne distanciation entre les travailleurs, et qu’aucun personnel n’est touché par le Covid-19. Rappelons que Saipol et Centre Ouest Céréales, disposant d’usines de trituration de graines de colza, sont membres du syndicat.
Approvisionnements et fournitures dans des conditions normales
Kristell Guizouarn explique que, à date, les approvisionnements de matières premières pour les usines (graines de colza, graisses animales etc.) se font normalement, et que les produits transformés (huiles alimentaires, huiles servant à la production de biocarburant, tourteaux et glycérine) peuvent être fournis sans souci particulier. Toutefois, il convient de rester prudent, « les chauffeurs routiers pouvant faire valoir leur droit de retrait », rappelle la présidente d’Esterifrance. Elle précise qu’elle informe chaque semaine les autorités sur l’évolution de la situation du secteur (potentiel arrêt d’usine, rupture dans la chaîne d’approvisionnement etc.).
Kristell Guizouarn vante l’importance stratégique du secteur biodiesel. « Nous ne sommes pas que des producteurs d’énergie, mais aussi d’huile alimentaire, de tourteaux destinés à l’alimentation animale, et enfin de glycérine. Nous constituons donc un secteur stratégique, permettant de mettre à disposition de la population local des aliments, qui est la priorité, mais aussi de l’énergie et des produits servant à divers secteurs (cosmétique, pharmacie etc.). Et ça, le gouvernement français l’a bien compris ».
10% de glycérine produite lors de la production d’ester de méthyl
La présidente d’Esterifrance rappelle que lors du processus de production d’ester de méthyl, il en ressort 10% de glycérine végétale en volume, dont Saipol est le premier producteur mondial. Cette glycérine sert de matière première, après un processus de raffinage, à l’industrie pharmaceutique, afin de produire du gel hydroalcoolique, servant à la lutte contre le coronavirus. Le produit sert également à la fabrication de shampoing, lubrifiant, dentifrice etc. Aucune modification de flux de production des membres du syndicat Esterifrance n’a été rapportée, notamment vers la production de glycérine, l’élaboration de cette dernière étant déjà une fin en soi, contrairement aux éthanoliers.
Au-delà des frontières hexagonales, Kristell Guizouarn, également présidente de l’EBB (European Biodiesel Board, incluant notamment Cargill et Bunge), alerte sur le fait que certains pays, notamment la Roumanie, envisageaient d’interdire temporairement la production de biocarburant, afin de laisser place à davantage de produits alimentaires. « Ce serait une grave erreur de raisonner de cette manière, car nous produisons des ressources alimentaires, pharmaceutiques et énergétiques à l’aide de ressources locales. Interdire l’incorporation d’huile végétale stopperait la production de tous nos produits. (…) De plus, que se passerait-il si demain, la Russie, d’où proviennent deux tiers de nos importations de gazole, décidait de nous imposer un embargo ? ». Si une usine de biodiesel cessait de tourner, cela signifierait de moindre disponibilité en tourteaux, qui devront être importés depuis l’Amérique latine, afin d’alimenter nos animaux, rappelle la présidente de l’EBB. Et ce alors que des perturbations logistiques ont été rapportées ces derniers jours dans les ports brésiliens et argentins, liées à l’épidémie de Covid-19.