Fondamentaux
Coronavirus : espoir d’un simple contretemps pour le marché des céréales et des oléagineux
Les analystes présents au Salon international de l'agriculture estiment que l’épidémie engendre plus de craintes ou un report de la demande en grains qu’une réelle baisse de cette dernière.
Les analystes présents au Salon international de l'agriculture estiment que l’épidémie engendre plus de craintes ou un report de la demande en grains qu’une réelle baisse de cette dernière.
L’épidémie de coronavirus touche désormais une quarantaine de pays, dont l’Europe. Le 24 février, les médias rapportaient que l’Italie était touché, puis la France, le 26 février. Le marché s’inquiète quant à l’état de la demande mondiale en grains et surtout chinoise. « Je pense que l’épidémie de coronavirus a surtout un effet de report de la demande pour le moment », a déclaré Philippe Chalmin, président de l’observatoire des prix et des marges, lors d’une conférence de presse organisée au Salon international de l’agriculture le 27 février.
Hausse des prix du soja de 12% entre 2019 et 2020, selon Philippe Chalmin.
Les prix des grains (Chicago, Euronext…) ont bien reculé depuis le 24 février. Pourtant, dans ses prévisions réalisées début janvier 2020, Philippe Chalmin table sur une légère hausse des prix moyens mondiaux du blé tendre, du maïs et du soja, de respectivement 3 %, 5 % et 12 % entre 2019 et 2020. Mais ces projections ont été réalisées sans considérer l’épidémie de coronavirus, précise l’économiste. Ce dernier prévient donc que ces chiffres sont à prendre avec la plus grande prudence, bon nombre d’événements étant susceptibles de se produire, notamment au sujet du coronavirus. « La demande chinoise ralentit du fait de la propagation du virus, mais reste à savoir quelle sera la situation au lendemain de cette crise sanitaire », souligne-t-il. Si le phénomène ne dure pas trop, la demande en produits agricoles de la Chine peut revenir à la normale, et faire remonter les cours. L’économiste rappelle que la Chine et les États-Unis ont signé un deal préliminaire en janvier, qu’il juge positif pour les États-Unis. « Dans ce deal, il faudrait que les Chinois s’approvisionnent presque exclusivement en soja provenant des États-Unis », estime-t-il. Reste à savoir si le coronavirus va réellement réduire la consommation de soja chinois, et si Cofco, le géant chinois du négoce des grains, sera disposé à se fournir presque totalement auprès des États-Unis, alors que de lourds investissements ont été réalisés au Brésil, tempère Philippe Chalmin.
FranceAgriMer maintient ses prévisions d’exportations
« Il faudra bien que les Chinois consomment, malgré le coronavirus », a indiqué Benoît Piètrement, président du Conseil spécialisé Grandes cultures de FranceAgriMer, lors d’une conférence de presse au Salon international de l'agriculture le 26 février. Ce dernier est ainsi en accord avec Philippe Chalmin, dans le sens où, si on constate bien des reports de la demande chinoise en grains (rappelons que les opérateurs attendent toujours des achats chinois de soja états-unien), cette dernière pourrait retrouver sa vigueur après le passage de la tempête coronavirus. « Malgré le fait que l’épidémie touche l’Italie, importateur de graines françaises, nous n’avons pas reçu d’appels d’opérateurs nous signifiant un arrêt des chargements », ajoute-t-il. Marc Zribi, chef de l’unité Grains et Sucre de FranceAgriMer, maintient pour le moment « les exportations françaises vers les pays tiers à 12,6 Mt », avec une prévision d’export de blé tendre sur la Chine à 1,2 Mt sur 2019/2020. Reste à savoir si ce scénario se vérifiera encore lors du prochain Conseil spécialisé des céréales le 11 mars 2020.