Interview / Brasseurs indépendants et artisanaux
[Covid 19 ] « De multiples initiatives émergent chez les brasseurs indépendants et artisanaux »
Elisabeth Pierre, biérologue et auteure de plusieurs ouvrages sur la bière, recense les idées originales nées de la crise du coronavirus dans le monde des brasseurs artisanaux et indépendants.
Elisabeth Pierre, biérologue et auteure de plusieurs ouvrages sur la bière, recense les idées originales nées de la crise du coronavirus dans le monde des brasseurs artisanaux et indépendants.
![](https://medias.reussir.fr/ladepeche/styles/normal_size/azblob/2023-06/ElisabethPierre%40AstriddiCrollalanza.jpg.webp?itok=QLW0n-OA)
Comment les petits brasseurs indépendants et artisanaux traversent-ils cette crise ?
Ils ont besoin de ne pas être oubliés, tout comme les cavistes indépendants. Au tout début de la crise, beaucoup ont pensé, c’était le premier réflexe, à tout arrêter. Puis les idées sont venues pour maintenir une activité : livraison, vente en ligne, drive… Certains brasseurs se sont associés à d’autres pour pouvoir proposer un panachage de leurs différentes bières et mutualiser les livraisons et les commandes. J’ai repéré pas mal d’initiatives de ce genre à Brest, Montpellier, en Franche-Comté, dans le Nord. Certains s’organisent en partageant une salle ou un hangar. Je suis impressionnée par le nombre d’initiatives depuis trois semaines, même si cela ne concerne pas la majorité des brasseurs. D’où l’idée de lancer une carte de France qui recense les initiatives mises en place sur l’ensemble du territoire français pour aider à trouver les bières artisanales disponibles en local, en ventes sur place, en livraisons. Toute personne peut contribuer en renseignant les initiatives dont elle a connaissance. Elle met également en avant les producteurs qui ont fait le choix de fermer.
D’autres initiatives originales ?
Oui, il existe des cas où le brasseur est le moteur d’un drive fermier. C’est lui qui propose à d’autres producteurs d’apporter ses propres produits. Des exemples existent où un brasseur propose aussi les jus de fruit d’un autre. Ça vaut particulièrement pour ceux qui travaillent en local (50 km de rayon) et qui brassent des petits volumes. Une autre idée est venue d’une brasseuse, en Alsace dans la région qui a été la plus touchée, qui s’est associée avec une maraîchère. On voit aussi des associations brasseurs / fromagers, particulièrement touchés eux aussi. Quelques initiatives sont nées aussi autour de l’organisation de visites virtuelles de leur brasserie.
Vous avez créé aussi des activités de formation au sein du Cercle Bierissima…
Effectivement, le Cercle Bierissima (bierissima.com) est destiné aux femmes qui deviennent brasseuses. Il est ouvert aussi à toutes femmes possédant ou lançant une activité pouvant avoir un rapport avec la brasserie : fromagère, restauratrice, caviste, propriétaire de bar… Je propose des ateliers virtuels partagés permettant de préparer l’après crise avec des thématiques très précises : les dispositifs auxquels on peut avoir droit, gestion, réseaux sociaux, comment vendre dans le contexte actuel… Cela dit, et de façon globale, l’après crise demeure un grand point d’interrogation, avec des questions sur les éventuelles nouvelles manières de consommer. Un mouvement de recentrage vers le local semble émerger. Il faudra voir comment cela évolue.