Copa-Cogeca: pour un modèle européen
Le premier congrès des syndicats européens des OPA et coopératives s’est déroulé les 18 et 19 octobre à Strasbourg.
PLUS DE 500 agriculteurs européens se sont réunis à Strasbourg dans le cadre du premier congrès commun du Copa (Comité des organisations professionnelles agricoles de l’UE) et de la Cogeca (Confédération générale des coopératives agricoles de l’UE) pour défendre leur position à moins de deux mois du rendez-vous de Hong-Kong. Le thème du congrès, “L’agriculture européenne dans le monde”, a révélé une belle identité de vue entre les 71 organisations membres du Copa-Cogeca sur la nécessité de dire à la Commission européenne qu’elle est «en train de franchir la ligne rouge». Une déclaration a été adoptée dans ce sens.
L’accès aux marchés est en jeu
«Aujourd’hui, je suis convaincu qu’il faut négocier à l’OMC avec tous les autres pays du monde, a déclaré Joseph Daul, député européen lors du premier congrès du Copa-Cogeca. L’Europe ne peut pas rester à l’écart […] Cependant elle ne peut négocier à n’importe quel prix. Il est aujourd’hui temps de dire à la Commission européenne qu’elle est en train de franchir la ligne rouge.» Mariann Fischer Boel, la commissaire européenne à l’Agriculture, a pourtant assuré s’en tenir à son mandat. «Rien ne nous a portés au-delà de notre mandat dans ce que j’ai dit depuis ma prise de fonction en tant que commissaire à l’Agriculture», a-t-elle souligné. «Tout le monde devra donner un peu de mou et trouver un équilibre dans les sacrifices» à consentir dans le cadre des négociations qui s’ouvrent à Hong-Kong, a déclaré la commissaire. «Il faut avancer de manière coordonnée», souligne-t-elle tout en assurant que cette négociation ne deviendra pas «subitement le round de l’accès aux marchés». Pourtant, pour Pascal Lamy, directeur à l’OMC, le volet accès aux marchés nécessite un «mouvement» de la part des négociateurs de l’UE. En effet, sur l’accès aux marchés, on n’en est pas au «moment où l’on négocie», regrette Pascal Lamy. «Les chiffres avancés par l’UE, le G20, le G10 et les Etats-Unis sont très éloignés». Il invite les négociateurs de l’UE au «mouvement en utilisant les marges de manœuvre de la Pac» tout en regrettant la position «défensive de l’UE». Attitude que réfute Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA et premier vice-président du Copa : «Nous sommes offensifs car nous ne voulons pas faire des concessions tous les matins dans cette négociation.» La preuve : les congressistes ont adopté une déclaration commune. «Notre voix a du poids», a-t-il rappelé. «Nous représentons 11 millions de paysans des 25 pays de l’UE.» Cette déclaration de Strasbourg exige notamment «des décideurs politiques une fermeté accrue dans les négociations internationales». «Aucune concession sur l’accès aux marchés ne doit être faite si celle-ci doit mettre en péril la Pac réformée en 2003», indique-t-elle en substance.
«Vous avez tous quelque chose à gagner du résultat des négociations à l’OMC», a pour sa part conclu Pascal Lamy. «Vous devriez penser à la Chine, véritable “pompe” à l’importation agricole», a-t-il ajouté. La commissaire à l’Agriculture, elle aussi, a évoqué de «nouveaux marchés» à gagner grâce à la «réputation excellente» des produits de l’UE. Justement, «les responsables politiques européens doivent faire reconnaître le niveau élevé des normes européennes en matières environnementale, sanitaire ou de bien-être des animaux, que ce soit par les réglementations relatives à l’accès au marché et l’étiquetage ou par des soutiens publics non distorsifs», précise la déclaration de Strasbourg adoptée par le Copa-Cogeca.