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COT'Hebdo Céréales
Concurrence et pression récolte dans l’hémisphère nord pèsent sur les prix du blé tendre

L’évolution hebdomadaire des prix des céréales (blé tendre, blé dur, orge fourragère, orge de brasserie et maïs) et des coûts du fret fluvial sur le marché physique français entre le 5 et le 12 juin 2024, expliquée par La Dépêche Le petit meunier.

© Généré par l'IA

Les prix du blé tendre sur Euronext et le marché physique français ont décroché entre les séances du 5 et du 12 juin en raison de l’arrivée des moissons dans les pays de l’hémisphère nord du globe. Ajoutons à cela la forte concurrence internationale. Les pays de l’Europe de l’Est se montrent très agressifs. En témoigne le dernier achat tunisien, pour 50 000 t à 267-268 $/t C&F à charger sur le mois de juillet, qui inclurait des origines bulgares. L’Égypte s’est de nouveau positionnée pour des chargements courant août, le 11 juin. On notera une nouvelle fois des propositions très attractives émanant de la Bulgarie, de la Roumanie et de l’Ukraine. Dans le détail, l’achat a concerné 400 000 t de marchandises, à 268,83 $/t C&F, contre plus de 300 $/t lors du précédent achat, dont 180 000 t de Roumanie, 120 000 t d’Ukraine et 100 000 t de Bulgarie. L’annonce effectuée par la Turquie d’imposer un ban sur les importations de blé a également constitué un élément de pression sur les cours internationaux cette semaine.

Enfin, les récoltes s’annoncent bonnes aux États-Unis, malgré une récente dégradation de l’état des cultures de printemps et d’hiver, rapportée par le département états-unien à l’Agriculture (USDA). Les conditions de culture sont jugées pour l’instant satisfaisantes en Australie et au Canada. En France, un rebond des primes est rapporté en portuaire, tirant vers le haut celles du marché intérieur. Cette remontée s’explique par un léger accroissement de la demande portuaire, qui doit attirer les vendeurs. Le marché intérieur reste assez calme. Agreste estime toujours la surface nationale à presque 4,4 Mha, ce qui est jugé surévalué par divers analystes privés. C’est notamment le cas d’Argus Media (ex-Agritel), qui l’évalue plutôt à 4,2-4,3 Mha.

Des silos encore bien pleins

Les coûts du fret fluvial n'ont pas évolué entre le 5 et le 12 juin, faute d'activité. Sur le bassin de la Seine, les transports à destination de Rouen et du nord-UE se font rares. Les marchés à l’exportation sont peu porteurs en cette fin de campagne commerciale et la visibilité nulle sur les perspectives à plus ou moins long terme. En l’absence de navires à l’horizon, les cellules portuaires et les silos des organismes stockeurs peinent à se vider. La problématique de la préservation des grains à la récolte se fait de plus en plus prégnante.

Concernant la navigation sur le Rhin, la Moselle, le Neckar (affluent du Rhin), le Main (cours d'eau allemand) et le Danube, tous les cours d’eau sont revenus dans leurs lits et la circulation des navires a pu reprendre partout.

Par ailleurs, dans son point de situation au 11 juin concernant le pont de Sully à Paris, Voies navigables de France (VNF) rappelle que, du fait de travaux de confortement et de réparation du pont de Sully, qui devraient s’achever le 29 juin 2024, la circulation des bateaux montants et avalants sous la passe n°2 du pont de Sully est autorisée sur des créneaux précis, selon les cadences habituelles de l’alternat. VNF précise que le planning tient compte des arrêts de navigation prévus pour permettre des répétitions de la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques Paris 2024, qui auront lieu le 17 juin et le 21 juin au matin. Par ailleurs, depuis le 10 juin, pour permettre aux bateliers de profiter pleinement du passage sous le pont de Sully, VNF a élargi les horaires d’ouverture des écluses de Port à l’Anglais, Ablon-Vigneux et Evry.

Kévin Cler et Karine Floquet

Maïs

Les prix suivent la baisse du blé tendre

Les cours du maïs sur Euronext et le marché physique français ont suivi ceux du blé tendre à la baisse entre les 5 et 12 juin. Notons le repli des valeurs sur la CBOT à Chicago, compte tenu des bonnes conditions de culture aux États-Unis. La récolte au Brésil constitue un élément de pression. En France, Agreste estime une progression de 10,4 % de la sole nationale de maïs grains entre 2023 et 2024, à 1,358 Mha. En matière d’échanges, l’origine française a toujours du mal à se faire une place vers l’Espagne. En revanche, les FAB hexagonaux procèdent à quelques couvertures, la marchandise étant attractive en formulation.

Orge fourragère

Les primes portuaires remontent

La demande portuaire se réveille quelque peu en orge fourragère, faisant remonter les primes, afin d’attirer les vendeurs. Des affaires à destination des FAB français sont rapportées, sans emballement. Agreste estime un accroissement annuel de la surface nationale en orge de printemps de 15 %, à 515 000 ha en 2024.

Orge de brasserie

Nette baisse tarifaire

Les prix des orges de brasserie ont nettement reculé sur le marché physique français entre le 5 et le 12 juin, à l'image du blé tendre sur Euronext. La baisse tarifaire s'est effectuée dans le vide, le marché étant très calme.

Blé dur

Prix en repli, face à la concurrence d’Europe de l’Est

Les prix du blé dur se sont effrités entre les 5 et 12 juin sur le marché physique hexagonal, à cause de la forte concurrence internationale. L’origine roumaine trouverait sa place en Italie. Ajoutons à cela une production attendue comme satisfaisante en Grèce, à environ 1,2 Mt, et une moisson espérée comme normale en Espagne. Agreste estime des surfaces françaises à 231 000 ha, conséquence d’un doublement des surfaces de printemps entre 2023 et 2024, qui passeraient de 7 000 ha à 16 000 ha. Néanmoins, les précipitations de ces derniers mois ainsi que celles attendues lors des prochains jours ne sont pas de bon augure pour les cultures françaises.

La rédaction

À surveiller

Blé tendre

  • Début des récoltes en Russie.
  • Début des récoltes aux États-Unis.
  • Attention aux nouvelles pluies attendues en France durant les prochains jours.
  • La demande portuaire française semble se redynamiser, cela va-t-il durer ?

Orges

  • Remontée de la demande portuaire sur le marché physique français, cela va-t-il durer ?
  • Conséquences de nouvelles pluies en France sur les cultures.
  • Bonnes conditions de culture en Australie et au Canada.

Maïs

  • Conditions de semis aux États-Unis, toujours favorables.
  • Fin des récoltes en Amérique du Sud.
  • Évolution des conditions de culture en Ukraine et en Russie.
  • Fin des emblavements en France.

Kévin Cler

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