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Céréales : quels sont les principaux désaccords entre analystes privés et l'USDA au sujet des bilans mondiaux ?

Le rapport de l'USDA du 12 juin s'est avéré plutôt baissier pour les prix mondiaux du blé et du maïs.

© jolanchapin - Pixabay

Le rapport mensuel du département états-unien à l’agriculture (USDA) du 12 juin sur l’état de l’offre et de la demande mondiales agricoles a publié des chiffres contestés par divers opérateurs de la filière. 

Lire aussi : "Moisson 2024 : à quoi s'attendre pour la récolte française de blé tendre ?"

Ce n’est bien entendu pas la première fois. L’objectif est ici de faire un bref bilan avant le début de la plupart des moissons dans l’hémisphère nord du globe en blé (qui ont déjà débuté dans certains pays : États-Unis, Chine, Russie, etc.). Il ne s’agit pas d’être exhaustif, sinon de faire le point sur les indicateurs les plus significatifs du marché des céréales

Concernant le blé, les principaux sujets de désaccords entre l’organisme étatique états-unien et des experts privés concernent la projection de moisson 2024 en Russie, mais aussi les prévisions d’importations de l’Inde. En maïs, de gros écarts sont rapportés concernant les productions brésilienne, argentine et, dans une moindre mesure, ukrainienne.

Lire aussi : "« Nous ne voyons pas de raison pour que les prix du blé remontent à nouveau », déclare Philippe Chalmin"

L’USDA va-t-elle (encore) réviser à la baisse la moisson russe 2024 ?

Dans son rapport de juin, l’USDA table sur une production russe à 83 Mt cette année, en repli de 5 Mt par rapport à son estimation du mois de mai. Il s’agit certes d’une correction mensuelle (très) significative. Mais le chiffre reste au pire au-dessus des attentes de bon nombre d’opérateurs, et au mieux dans leur fourchette haute. 

Rappelons dans un premier temps que la SovEcon et Ikar, deux cabinets d’analyse russes, sont davantage proches des 80 Mt que des 83 Mt de l'USDA. Mais d’autres sont encore plus pessimistes. C’est par exemple le cas du cabinet d’analyse Aura Commodities, qui intervenait lors de la conférence organisée par le Conseil International des céréales (CIC) les 11 et 12 juin à Londres : « au vu des aléas climatiques, nous pourrions passer sous les 80 Mt », s’est exprimé un météorologiste de la société, Tom Whittaker. Marc Myllerup, du cabinet de courtage Copenhagen Merchants Group, explique de son côté que « les attentes concernant la récolte de blé russe sont passées d’environ 94 Mt à 80-82 Mt en seulement deux mois. Les scénarios les plus pessimistes sont plus proches de 75-77 Mt ».

Une production russe 2024 de blé à 75-77 Mt ?

Malgré la révision à la baisse de la production de la fédération de Russie par l’USDA, les prix sur Euronext ont reculé, et non progressé, le 13 juin au lendemain de la publication de son rapport mensuel, les chiffres publiés ayant dépassé les attentes du marché.

Inde : quid des importations de blé ?

Autre point de désaccord, les importations indiennes. Ces dernières sont attendues à seulement 300 000 t par l’USDA pour la présente campagne commerciale. Pourtant, divers analystes contactés en marge de la conférence du CIC évoquent des besoins proches des 5 Mt, ce qui ferait de l’Inde un importateur majeur. Certains d’entre eux reprenaient une information publiée par Reuters le 29 mai 2024. 

Cette révélation du média a d’ailleurs fait réagir les autorités indiennes. Le jeudi 13 juin, elles expliquaient que le pays disposait de suffisamment de réserves. S’il est extrêmement difficile de savoir qui a tort ou raison, nul doute que la situation indienne sera à suivre de près.

Lire aussi : "Blé tendre : l’Inde devrait supprimer les taxes sur les importations après le mois de juin"

Brésil : 115 Mt ou 125 Mt de maïs produit ?

Concernant le maïs, l’USDA parie sur une récolte brésilienne 2024 à 122 Mt. Ce chiffre semble dépasser les attentes de bon nombre d’analystes. 

Citons en premier lieu la Conab (Compagnie brésilienne d’approvisionnement en grains, détachée du ministère de l’Agriculture national), qui projette presque 10 Mt de moins le 13 juin, à 114,15 Mt. Cette prévision semble en ligne avec celle de Soybean and Corn Advisor, qui tablait le 11 juin sur 114 Mt. Mais StoneX est davantage en accord avec l’USDA projetant, le 12 juin, un volume de 121,75 Mt.

Argentine : plus ou moins de 50 Mt de maïs ?

La disparité entre l’USDA et d’autres institutions s’avère également marquée concernant l’Argentine. L'USDA prévoit la production locale à 53 Mt, contre… 46,5 Mt selon la Bourse de Buenos Aires le 13 juin. StoneX table de son côté sur 48 Mt, et Soybean and Corn Advisor 47 Mt. Les dégâts liés à la cicadelle pourraient avoir été mésestimés par l’institution états-unienne.

Concernant l’Ukraine, l’USDA a révisé en très légère hausse sa prévision de moisson 2024, passant de 27 Mt à 27,7 Mt en 2024, contre 31 Mt en 2023. Et ce, alors que diverses sources privées et publiques évoquaient les effets négatifs sur les cultures des aléas climatiques de ces dernières semaines (qui certes ne font pas consensus non plus). Mykola Gorbachov, à la tête de l’association ukrainienne des grains (UGA), qui s’exprimait lui aussi lors de la conférence internationale du CIC, parie davantage sur un chiffre de 25,5 Mt, contre 29,6 Mt l’an dernier.

Ukraine : production de maïs 2024 à 25,5 Mt selon l’UGA, mais 27,7 Mt selon l’USDA

Comme pour le blé, les prix du maïs sur Euronext ont eu tendance à reculer à la suite de la publication du rapport mensuel de l’USDA. De nouvelles révisions à la baisse des récoltes (et d'autres postes du bilan : imports, exports, etc.) ne sont pas à exclure. Beaucoup de choses peuvent donc encore survenir.

Lire aussi : "Campagne 2023/2024 - « Le marché du blé tendre le plus difficile à analyser en cinquante ans d’expérience », selon Noel Fryer, analyste privé"

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