Céréales et oléoprotéagineux bio : la grippe aviaire touchant l’Ouest impacte le marché bio
À mi-mars, le marché des grandes cultures bio est peu actif, autant en alimentation humaine qu’en nutrition animale. Dans leur majorité, les opérateurs bio sont couverts en cette fin de campagne, et le recul de la demande, lié au pouvoir d’achat en berne des consommateurs, les rendent attentistes. Même si l’exportation continue à tirer fortement vers l’Allemagne et les États membres du nord de l’Union européenne, les prix se sont stabilisés, à des niveaux toujours très fermes. Les cotations atteignent des records historiques pour certaines matières premières agricoles, les céréales fourragères, les oléagineux et les protéagineux notamment, poussés par la flambée des cours en production conventionnelle en raison de la situation internationale (guerre en Ukraine et ses conséquences sur les échanges mondiaux). C’est le cas de la graine de tournesol bio française qui dépasse ainsi la barre les 1 000 €/t en départ organisme stockeur (OS). Du jamais vu en bio ! Quant aux pois et féveroles fourragères, leurs cotations atteignent aussi des sommets.
Du bio vendu sur le marché du conventionnel
Si certains lots de grains bio avaient pu être écoulés au prix du conventionnel, la volonté de la filière bio est de maintenir un différentiel de prix suffisant entre agriculture biologique et agriculture conventionnelle : l’objectif est de continuer à rémunérer l’implication des agriculteurs pour ce mode de production exigeant, respectueux de l’environnement et certifié, en prenant en compte la hausse de leurs coûts de production. Pour les opérateurs bio, la tentation à spéculer en ces périodes perturbées pourrait déstructurer des filières qui se sont construites sur la durée.
À ce contexte d’incertitudes s’ajoute la diffusion rapide du virus de l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP), qui a atteint la Vendée, la Loire-Atlantique, la Sarthe et les Deux-Sèvres. Dans ces départements des Pays de la Loire, la filière avicole bio est en plein essor, avec 270 élevages en volailles de chair et 290 en poules pondeuses, secteur leader toujours en progression. La crainte est que ce virus se propage dans tout l’ouest de la France. L’obligation de vide sanitaire, pour une durée encore indéterminée, va aussi contribuer à déstabiliser le marché des matières premières bio pour l’alimentation animale et à le réorienter.