Alimentation animale - Quel avenir pour l'élevage et les produits carnés français ?
Plus de 200 personnes participaient le 4 juillet dernier au Forum de la nutrition animale organisé à Lorient par le Snia et Nutrinoë. Le sujet principal reste l’avenir de l’élevage, seul porteur d’une reconquête possible de parts de marché des productions animales et, donc, de volumes pour la nutrition animale.
Plus de 200 personnes participaient le 4 juillet dernier au Forum de la nutrition animale organisé à Lorient par le Snia et Nutrinoë. Le sujet principal reste l’avenir de l’élevage, seul porteur d’une reconquête possible de parts de marché des productions animales et, donc, de volumes pour la nutrition animale.
A l’occasion de son assemblée générale, tenue cette année à Lorient les 3 et 4 juillet, le Syndicat national de l'industrie de l'alimentation animale (Snia) a réélu son bureau et son président : François-Christian Cholat, élu pour la première fois en 2016, entame ainsi un nouveau mandat de deux ans. Insistant sur son optimisme « raisonnable » d’un retour prochain de la production nationale à 20 Mt, il présidait avec Hervé Vasseur, président de l’association régionale de Bretagne, Nutrinoë, le Forum de la nutrition animale organisé par leurs deux organisations professionnelles autour de l’avenir des productions animales.
Des fabrications d'aliments composés à 19,1 Mt en 2023
En légère contraction, le volume national d’aliments pour animaux s’établit pour 2023 à 19,1 Mt (-0,69 % par rapport à 2022) avec une reprise sensible de l’alimentation pour volaille suite aux épisodes d’influenza aviaire (7,8 Mt, +1,55 %). La tendance est assez similaire en début d’année 2024, avec une progression de l’ensemble de la production de 4,3 % sur les quatre premiers mois, tirée par les ruminants et les volailles alors que les porcs poursuivent leur repli. La volaille représente 41 % du tonnage, suivi par les ruminants (32 %), les porcs ne représentant plus que 22 % des volumes, le reste se répartissant entre les différentes espèces (chevaux, lapins…).
Toutefois, depuis 2019, la France a perdu 8,6 % de ses volumes, la question étant de savoir comment inverser la tendance quand de nombreuses analyses perspectives donnent encore des baisses à venir.
Inquiétudes quant à la décapitalisation du cheptel
« La situation se dégrade, pourtant historiquement nous avons connu pire en termes de rentabilité des élevages. Les prix des produits animaux se tiennent plutôt bien, ce qui est inquiétant, c’est la décapitalisation. Nous sommes dans une crise non pas de la consommation mais de la production », pointe le président du Snia. La France a même perdu cette année son auto-suffisance en porc après l’avoir perdu en volaille, en viande bovine et pourrait bientôt la perdre en lait.
« Nous sommes dans une crise non pas de la consommation mais de la production », pointe le président du Snia.
Ce recul est particulièrement illustré par la fabrication d’aliments en Bretagne qui a perdu 20 % de ses volumes entre 2009 et 2023, principalement car le tonnage d'aliments pour porc, historiquement le principal consommateur des aliments, s’est replié de près de 30 % (passant de 4,32 Mt à 2,97 Mt) et celui pour la volaille de près de 23 % (reculant de 3,18 Mt à 2,45 Mt), cela même si celui pour ruminants a, dans le même temps, progressé de 27 % (passant de 1,01 Mt à 1,28 Mt).
Déficit en produits carnés et surcapacité de l'outil industriel
« La souveraineté en matière de produits carnés varie au sein de l’Union européenne avec deux pôles excédentaires : l’Espagne compétitive grâce à ses importations de matières premières agricoles et à ses industries, et un axe allant de la Pologne à l’Allemagne, aux Pays-Bas et au Danemark, avec des élevages compétitifs et des entreprises d’abattage-transformation performantes. A noter que la compétitivité de la France s’est effondrée en moins de vingt ans et que le pays est aujourd’hui déficitaire en produits carnés avec des surcapacités de l’outil industriel », rappelle Joao Pacheco, de Farm Europe. Profitant de sa longe expérience dans les instances européennes, il incite les opérateurs à s’engager dès à présent dans les négociations pour la prochaine PAC (Politique agricole commune) car les consultations pour les nouvelles initiatives démarreront dès janvier 2025.
Lire aussi : "Nutrition animale : la Fefac prévoit des volumes européens d'aliments stables en 2024"
Les solutions proposées par la nutrition animale en termes de circularité et de décarbonation doivent être mises en avant. C’est l’un des objectifs de la Fefac, la fédération européenne des fabricants d’aliments, qui a déjà rédigé ses douze recommandations pour l’agenda stratégique de l’UE 2024-2029, comme l’explique Pedro Cordero, son président, également présent à Lorient. Dans la même logique, la nutrition animale française a lancé son plan de filière.