Alimentation animale : « Je crois fermement au retour aux 20 millions de tonnes », déclare François Cholat, président du Snia
En avant première de l’assemblée générale du Syndicat national des industriels de l'alimentation animale (Snia) qui se tiendra, avec celle de l’association régionale bretonne Nutrinoë, les 3 et 4 juillet à Lorient (Morbihan), François Cholat, président de l'organisation professionnelle française depuis huit ans, marque son optimisme pour une reprise des tonnages à 20 millions de tonnes avant quatre ans.
En avant première de l’assemblée générale du Syndicat national des industriels de l'alimentation animale (Snia) qui se tiendra, avec celle de l’association régionale bretonne Nutrinoë, les 3 et 4 juillet à Lorient (Morbihan), François Cholat, président de l'organisation professionnelle française depuis huit ans, marque son optimisme pour une reprise des tonnages à 20 millions de tonnes avant quatre ans.
La Dépêche Le petit meunier : Vous annoncez vouloir remonter les fabrications d'aliments composés à 20 Mt d'ici quatre ans alors que la nutrition animale française n'en a produit que 19,2 Mt en 2023 ?
François Cholat : Effectivement je suis optimiste mais nous avons construit un vrai projet pour les quatre prochaines années. Il repose en premier lieu sur les relations de confiance que nous avons tissées et que nous allons encore renforcer avec nos fournisseurs, nos collègues des autres branches du métier que sont La coopération agricole Nutrition animale et l’Afca-Cial, et les interprofessions qu’elles concernent les productions animales ou les productions végétales. En huit ans, nous avons connu des évènements inattendus et de grande ampleur, que ce soit la covid-19 ou des épizooties comme l’influenza aviaire, la peste porcine africaine et la maladie hémorragique des bovins. Nous avons souffert tant en volumes que dans nos marges déjà faibles qui sont passées selon les analyses du Crédit agricole de +0,4 % du chiffre d'affaires en 2021 à -0,4 % en 2022 ce qui traduit bien les difficultés de notre secteur. Mais nous avons aussi avancé dans cette période de mutations profondes des marchés et des personnes. De nombreux dirigeants arrivent ainsi à l’âge de la retraite, mais les jeunes avec qui je travaille montrent aussi leur volonté d’agir.
LD-LPM : Le secteur de l'alimentation animale hexagonal reste pourtant fragile, n’est-ce pas ?
F. C. : Objectivement le marché est encore orienté à la baisse avec l’arrêt d’élevages, mais la volaille se remplume. La décapitalisation des cheptels bovin et porc exige une vraie réponse collective. Les interprofessions comme les fabricants d’aliments et l’aval agroalimentaire montrent une réelle volonté de réimplanter des élevages pour répondre à l’augmentation des importations de viandes bovine, ovine, de volailles, et même de porc et d’œufs pour lesquels nous ne sommes plus autosuffisants non plus. Sans renier la montée en gamme, nous voulons assurer le développement et la croissance sur tous les créneaux de marché. Nous avons en France des fleurons internationaux comme Lactalis, Bigard et LDC qui peuvent être pour nous de véritables locomotives.
LD-LPM : Qu'en est-il de vos approvisionnements en matières premières agricoles ?
F. C. : Les conditions climatiques sont catastrophiques cette année dans le monde entier et les acheteurs des fabricants d’aliments ont, dans leur majorité du mal à acheter dans la longueur en raison de ces incertitudes. Comme dit le proverbe : « un bon acheteur ne dort pas, il veille ». Nos marchés sont en effet hyperspéculatifs. Pour la récolte de céréales, nous allons voir mais il faudra peut être en sécher. Sur le risque mycotoxines, nous nous appuyons sur le plan Oqualim qui prévoit l’accentuation des analyses si besoin. Sur certaines matières premières comme le soja, c’est le manque de cotation qui pèse : face à la réglementation sur la non déforestation, les importateurs ne nous donnent pas de prix après décembre. De notre côté, nous respectons les engagements de notre manifeste Duralim avec l’objectif des 100 % d’achat de soja non déforesté en mass balance* pour le 1er janvier 2025.
La prime du soja non déforestant s'élève à 4-5 €/t
Il y a une prime acceptable de 4 à 5 €/t, mais nous ne savons rien sur les primes possibles pour du tracé comme demandé par l’UE. Nous échangeons avec nos fournisseurs pour savoir ce qu’ils peuvent nous proposer. Nous voulons ouvrir le dossier des enjeux de la filière avec eux.
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LD-LPM : Quels sont les points saillants de votre assemblée générale 2024 ?
F. C. : Nous tenons notre assemblée générale alternativement à Paris et en Région. Cette année, avec Nutrinoë (association régionale bretonne de l'alimentation animale), nous avons construit un programme important. Nous avons plus de 200 personnes inscrites ce qui prouve notre besoin collectif d’échanger, de comprendre ce qui arrive ou peut arriver, et notre volonté d’avancer ensemble. C’est le cas concrètement par exemple avec le nouvel outil de mesure de la décarbonation que nous venons de lancer avec nos collègues de la coopération agricole.
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* En pratique, le concept de “mass balance” consiste à certifier l'utilisation de matières premières d'origine biosourcée durant le procédé de fabrication à la place ou en complément de leurs équivalents pétro-sourcés.